Aix-en-Provence : le musée Granet présente ses trésors de l'Égypte ancienne
Largement méconnue, la collection égyptienne du musée Granet d'Aix-en-Provence est enfin mise en lumière. Une exposition, ouverte samedi 19 septembre, invite le public à en savoir plus sur l'amour de l'Égypte antique pour la nature et la vie. Jusqu'au 14 février 2021.
Le musée Granet d'Aix-en-Provence présente une nouvelle exposition depuis samedi 19 septembre 2020, qui donne à voir des chefs-d'œuvre "dignes des plus grands musées du monde" selon l'établissement provençal. Cette exposition, baptisée "Pharaon, Osiris et la momie", dévoile la collection égyptienne, très méconnue, du musée aixois. Quelque 200 pièces sont à découvrir, les 150 de la collection aixoise enrichies d'objets de musées d'Italie, des Pays-Bas, d'Allemagne et du Louvre qui a prêté notamment un colosse de granit rose de deux mètres.
Les Égyptiens "ont préparé la mort parce qu'ils aimaient la vie"
Cette exposition invite à mieux connaître l'amour de l'Égypte antique pour la nature et la vie. Avec un objectif revendiqué : tordre le cou à des croyances coriaces. "Un des clichés les plus répandus est le côté morbide, l'idée que les Égyptiens n'étaient préoccupés que par la mort", avec les momies, les sarcophages et les pyramides, explique à l'AFP Christophe Barbotin, conservateur général du patrimoine du département des Antiquités égyptiennes au Louvre à Paris et commissaire de l'exposition. "C'est exaspérant et faux. Ils ont préparé la mort parce qu'ils aimaient la vie. Il y a cette phrase qui revient chez les Égyptiens : Vous qui aimez la vie et haïssez la mort", poursuit-il.
Osiris, premier roi d'Égypte selon la tradition, assassiné par son frère puis ressuscité grâce à son épouse Isis, est ainsi très présent dans la collection du musée Granet.
Osiris, divinité incontournable de l'expo
Il apparaît dans une statue en bronze, l'une des plus grandes connues au monde dans cette matière, mais aussi dans un fragment de stèle en calcaire du XIVe siècle avant notre ère, suivi d'Isis, de sa sœur Nephtys, de Horus, son fils à tête de faucon, de la déesse de l'Occident et d'Anubis, le dieu à tête de chien présidant à la momification. Au-dessus d'eux, deux divinités soulèvent une boule, le soleil levant acclamé par des babouins, qui selon la légende crient au lever de l'astre. "Osiris, le dieu mort et ressuscité incarne l'espoir de renaissance", souligne Christophe Barbotin.
Dans la salle suivante, Osiris apparaît aussi sur un cercueil multicolore en bois peint, aux côtés d'autres divinités et de légendes en hiéroglyphes. Tout autour, sur les murs de la salle, les papyrus du Livre des morts de la dame Tabaakhet, un recueil de formules magiques illustrées destinées à assurer bonheur au défunt, est pour la première fois exposé dans son intégralité grâce à un prêt du Louvre.
Les Égyptiens "concevaient tout par rapport à la nature"
Peuple de paysans et d'administrateurs, les Égyptiens de l'Antiquité "concevaient tout par rapport à la nature", relève Christophe Barbotin. Avec leurs dieux hybrides, corps d'homme-tête animalière, ils ont développé un véritable culte des animaux. "À un moment donné, ils se sont mis à momifier à tour-de-bras", chats, ibis, crocodiles... à la plus grande stupéfaction d'autres civilisations, ajoute le commissaire d'exposition.
À Aix-en-Provence, les visiteurs découvriront une momie unique au monde, celle d'un varan du Nil, un gros lézard, ainsi que des sarcophages de poissons ou de chats.
Des pièces rares, présentes à Aix depuis des siècles
Comment ces objets rares dont des bas-reliefs "exceptionnellement beaux", datant de l'époque du règne de Kheops sont-ils arrivés à Aix il y a plusieurs siècles ? Siège du Parlement de Provence, la ville vit fleurir dès la fin du XVIe siècle des "cabinets de curiosités" chez les membres du pouvoir férus d'histoire égyptienne. Ils enrichissaient leurs collections grâce à des objets arrivant d'Orient par le port de Marseille.
Ancien maire d'Aix, François Sallier (1767-1831) détenait une des plus belles collections sur l'Égypte antique dont certains chefs-d'œuvre sont désormais au Louvre et au British Museum. Notamment les papyrus littéraires que Champollion, qui perça les secrets des hiéroglyphes, vint consulter à deux reprises à Aix-en-Provence.
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