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Athènes et Londres discutent secrètement du retour des frises du Parthénon

La Grèce demande, entre autres, au Royaume-Uni la restitution d'une frise de 75 mètres détachée du Parthénon, à Athènes, l'un des sites du Ve siècle avant notre ère les plus visités au monde.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
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Une foule de touristes et de visiteurs locaux devant le Parthénon, à Athènes (Grèce) en juillet 2022.  (NICOLAS ECONOMOU / NURPHOTO)

L'affaire est sensible depuis des décennies. Des "entretiens secrets" à propos d'un retour des frises du Parthénon ont lieu depuis un an entre le président du British Museum de Londres, George Osborne, et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, a rapporté samedi 5 décembre le quotidien grec Ta Nea.

Depuis le début du XXe siècle, la Grèce demande officiellement la restitution sans succès d'une frise de 75 mètres détachée du Parthénon ainsi que d'une des célèbres cariatides provenant de l'Erechtheion, petit temple antique également sur le rocher de l'Acropole, toutes deux pièces maîtresses du British Museum.

Londres affirme que les sculptures ont été "acquises légalement" en 1802 par le diplomate britannique Lord Elgin qui les a revendues au British Museum. Mais la Grèce soutient qu'elles ont été l'objet d'un "pillage" alors que le pays était sous occupation ottomane.

Un dialogue entamé depuis plus d'un an

"Des rencontres en coulisses se tiennent à Londres depuis novembre 2021", selon le journal qui ajoute que George Osborne a également rencontré deux ministres grecs. La dernière de ces rencontres se serait déroulée cette semaine dans un hôtel du quartier de Knightsbridge, dans le centre de la capitale britannique.

"L'ancien chancelier de l'Echiquier aurait rencontré le Premier ministre grec, un an après leur première rencontre secrète, pendant que Kyriakos Mitsotakis se trouvait à Londres pour promouvoir les intérêts économiques de la Grèce en Grande-Bretagne", selon le journal.

Lundi 28 novembre, le Premier ministre grec a participé à un événement à la London School of Economics (LSE) et s'est montré optimiste sur une solution permettant d'aboutir à une réunification du monument du Parthénon à Athènes, l'un des sites du Ve siècle avant notre ère les plus visités au monde.

Prudence à tous les étages 

A cette occasion, l'agence de presse grecque ANA-MPA a rapporté que Kyriakos Mitsotakis avait déclaré, lors d'une discussion avec Kevin Featherstone, professeur d'études grecques modernes et directeur de l'Hellenic Observatory à la LSE, qu'une réunification était possible et qu'il s'attendait à des progrès sur cette question mais ne souhaitait pas prendre publiquement position.

"Il est possible qu'une solution mutuellement avantageuse soit trouvée, les sculptures du Parthénon peuvent être réunifiées en tenant compte en même temps des inquiétudes du British Museum", avait ajouté Kyriakos Mitsotaki. "Je comprends qu'il y a une dynamique, je parle sciemment de réunification des sculptures et pas d'un retour".

Selon le quotidien Ta Nea, "des initiés ont indiqué que les négociations entre Osborne et le Premier ministre grec se trouvaient à 'un stade avancé' ". Le journal souligne toutefois qu'un accord reste à finaliser et que des responsables grecs ont averti "ne pouvoir exclure que les discussions se retrouvent dans une impasse de dernière minute comme c'est le cas dans toute négociation délicate".

"Un nouveau partenariat"

Dans un communiqué publié samedi 3 décembre, le British Museum assure vouloir "un nouveau partenariat avec la Grèce pour le Parthénon" et être disposé à en parler avec Athènes, sans fournir de précisions.

Toutefois, "nous agissons dans le cadre de la loi et n'allons pas démanteler notre grande collection qui raconte une histoire unique sur notre humanité commune", a-t-il souligné. Sollicité par l'AFP, le bureau du Premier ministre grec n'a pas répondu dans l'immédiat.

Le président du British Museum, George Osborne, s'était dit, mi-juin ouvert à un accord avec Athènes pour partager les marbres du Parthénon. "Je pense qu'un accord est possible pour raconter (leur) histoire à la fois à Athènes et Londres si nous approchons cette situation sans préconditions ni trop de lignes rouges", avait-il dit sur la radio LBC.

Interrogé pour savoir si un accord pouvait être trouvé pour voir les marbres exposés un temps en Grèce puis revenir à Londres, il a estimé que "ce type d'arrangement" serait possible, "quelque chose permettant de les voir dans toute leur splendeur à Athènes et de les voir avec des exemples d'autres civilisations à Londres".

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