"Rêve d'Égypte" : toute la passion de Rodin dans une collection d'antiquités exposée dans son musée parisien
Le célèbre sculpteur s'est passionné pour l'Égypte ancienne dans la dernière partie de sa vie. Les pièces de sa collection sont présentées pour la première fois au musée Rodin, à Paris, jusqu'au 5 mars 2023.
C'est dans les vingt dernières années de sa vie qu'Auguste Rodin s'est lancé dans l'acquisition d'antiquités égyptiennes : statuettes, stèles funéraires, masques, vases, amulettes... Ces pièces sont présentées pour la première fois à Paris au musée Rodin, éclairant d'un nouveau jour l'œuvre du célèbre sculpteur.
Dans le cadre d'une exposition intitulée "Rêve d'Égypte" (18 octobre 2022 - 5 mars 2023), le musée Rodin présente quelque 300 pièces égyptiennes d'une collection entamée par le sculpteur dans les années 1890 et qu'il a poursuivie jusqu'à la fin de sa vie. Elles font écho à plusieurs de ses œuvres tardives, également exposées.
Une collection pour "nourrir ses ambitions esthétiques"
"Les plus beaux exemplaires, conservés et étudiés depuis des années dans les réserves du musée, sont montrés pour la première fois au public, en lien avec son œuvre", explique à l'AFP Bénédicte Garnier, commissaire. "C'est un regard rétrospectif qui donne une nouvelle clef sur Rodin et éclaire ses recherches, comme l'expression d'un souvenir intériorisé d'un savoir ancien, invisible, l'Égypte", ajoute-t-elle. Car Rodin "collectionne pour nourrir ses ambitions esthétiques alors qu'il a une quarantaine d'années, des commandes et un peu plus d'argent".
Le sculpteur entame ainsi une vaste collection d'antiquités, surtout gréco-romaines, qui compte 6 500 pièces à sa mort en 1917 dont plus de 1000 égyptiennes. "Il achète d'abord des petits objets aux antiquaires parisiens, puis à partir de 1910, il acquiert des antiquités plus importantes en taille et en qualité mais aussi en nombre issues de chantiers de fouilles", poursuit la commissaire.
D'autres artistes de son temps seront ses "passeurs d'Égypte" à l'instar du poète allemand Rainer-Maria Rilke et sa femme sculptrice Clara Westhoff, ou de la danseuse Isadora Duncan, que des photos étonnantes présentées dans l'exposition montrent avec toute sa troupe devant un sphinx en Égypte. "Il se fournit auprès d'antiquaires installés en Égypte souvent sans voir les objets. Il a déjà en tête de créer un musée pour la postérité et l'éducation des jeunes artistes, préfiguré dès 1912 à l'hôtel Biron", l'actuel musée Rodin, ajoute Bénédicte Garnier.
"Fasciné par la simplification des lignes et des formes"
On découvre comment l'illustre artiste, qui n'est jamais allé en Égypte, a été "fasciné par la simplification des lignes et des formes, l'art du contour, la monumentalité et l'aspect hiératique des sculptures de l'Égypte ancienne", selon la spécialiste. En témoigne son Balzac, statue monumentale de l'écrivain Honoré de Balzac qui fit scandale à l'époque et est souvent présentée comme la première sculpture de l'art moderne. Exposé en vis-à-vis d'une photo d'un colosse égyptien, près de Louxor, il a, de dos, l'exacte forme des sarcophages égyptiens. Rodin dira que c'est "le Sphinx de la France".
Entretien avec Bénédicte Garnier (vidéo : musée Rodin)
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