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Australie : le géant minier BHP autorisé à détruire des dizaines de sites aborigènes

Le plan vise quelque 40 sites dans l'ouest de l'Australie, après la destruction d'un premier patrimoine détruit par Rio Tinto, autre géant minier.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Les Bungle Bungle Mountains, au sein du Kimberleys Purnululu National park, dans l'ouest de l'Australie. (STAN FAUTRE  / ONLY WORLD)

Le géant minier BHP a été autorisé à détruire jusqu'à 40 sites du patrimoine aborigène dans l'ouest de l'Australie, a annoncé jeudi 11 juin le gouvernement local, quelques jours après que le groupe minier multinational anglo-australien Rio Tinto a infligé un dommage irréversible à d'autres grottes préhistoriques dans le pays.

L'émoi d'une partie de la population  

Des représentants de la communauté aborigène se sont dits "profondément troublés et attristés" par le fait que Rio Tinto a détruit le mois dernier un site habité il y a plus de 46 000 ans par des Aborigènes. Les travaux à l'explosif, autorisés par le gouvernement de l'Etat d'Australie-occidentale, ont permi d'agrandir une mine de fer.

Le ministre des Affaires aborigènes de cet Etat, Ben Wyatt, a annoncé avoir approuvé la demande de BHP de détruire 40 sites aborigènes. Il a donné son feu vert le 29 mai, trois jours seulement après l'annonce des destructions commises par Rio Tinto qui ont provoqué l'émoi d'une partie de la population.

BHP avait déposé une demande de destruction de ces sites dans le cadre de l'expansion de la mine de fer de South Flank, dans la région de Pilbara.

Formations calcaires situé dans le parc national de Nambung, en Australie-Occidentale. (DEICHMANN-ANA / ONLY WORLD)

72 sites protégés

Cette mine se situe sur les terres traditionnelles du peuple Banjima, dont les représentants avaient en 2015 conclut un accord pour l'exploitation de cette zone. Celui-ci impliquait la protection de 72 sites de grande importance culturelle et des compensations financières pour la population Banjima. Celle-ci n'a pas déposé de recours contre la dernière demande de BHP. Mais en vertu des lois de l'Etat, l'accord de 2015 fait qu'elle n'est pas impliquée dans le processus d'approbation gouvernemental.

M. Wyatt, qui est lui-même aborigène, a dit travailler à une réforme des lois sur le patrimoine afin que les groupes miniers négocient directement avec les populations aborigènes concernant l'impact de leurs projets industriels. "Je crois fermement au droit à l'autodétermination des aborigènes et soutiens les groupes indigènes qui utilisent leurs droits chèrement acquis pour nouer des accords commerciaux avec les groupes qui exploitent les terres", a-t-il ajouté.

Clair de Lune sur le desert des Pinnacles, dans le parc national de Nambung en Australie-Occidentale. Juillet 2015 (B.A.TAFRESHI)

Expertise et consultations attendues  

Il a dit avoir demandé à BHP de travailler avec les populations locales pour minimiser l'impact sur un site identifié comme ayant une grande importance culturelle pour le peuple Banjima. BHP n'a pas répondu aux questions de l'AFP. Mais le Sydney Morning Herald a rapporté que le groupe minier compte suspendre son expansion dans l'attente d'une expertise scientifique et de consultations avec la population locale.

Le minerai de fer est la ressource la plus exportée par l'Australie. Elle a rapporté 77 milliards de dollars australiens (47 milliards d'euros) l'année dernière. L'essentiel provient de la région très peu peuplée de Pilbara, dont une grande partie des terres est la propriété des populations aborigènes.

Une manifestation a notamment eu lieu cette semaine devant les bureaux de Rio Tinto à Perth (ouest) pour dénoncer les destructions de sites aborigènes.

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