Journées de l'archéologie : le réveil de la Medina Azahara en Espagne
Du VIIe au XVe siècle, Séville, Cordoue et Grenade comptèrent parmi les brillantes cités d'Al-Andalus la musulmane. D’autres sont tombées dans l’oubli jusqu'au XXe, telle la ville de Medina Azahara. Un site ouvert lors des Journées nationales de l’archéologie, du 14 au 16 juin 2019.
Selon une légende qui a inspiré les poètes, Medina Azahara, site ouvert pendant les Journées nationales de l'archéologie (14-16 juin 2019), serait née de l’amour entre le calife Abd al-Rahman III et une esclave de son harem, la belle Azahara (nom parfois orthographiée al Zahra). La belle aurait donc donné son nom à la cité, apparemment construite à partir de 936, à moins de 10 kilomètres de Cordoue et de sa somptueuse mosquée. Une construction qui a duré une dizaine d’années.
Pour autant, l’explication historique est moins poétique. En édifiant un nouvel ensemble urbain, Abd al-Rahman III, nouveau calife, voulait en effet "marquer sa grandeur par rapport aux Fatimides d’Ifriqiya avec qui il (était alors) en conflit", observe huffpostmaghtreb. La ville est ainsi née d’une volonté politique pour devenir le siège du califat de Cordoue.
Medina Azahara fut mise à sac en 1009-1010, lors d’une guerre civile, par les armées berbères de Souleyman Ibn al Hakam al Amaoui. Avant d’être définitivement abandonnée 20 ans plus tard. Malgré cette courte durée de vie, la cité, édifiée à l’apogée d’Al-Andalus, est considérée comme l’un des joyaux de l’art islamique espagnol.
Symbole de la civilisation omeyyade
Le site "atteste d’une manière exceptionnelle de la civilisation omeyyade, dans ses dimensions culturelle et architecturale et, plus généralement du développement de la civilisation islamique occidentale de l’Al-Andalus", explique l’Unesco qui l’a classé en 2018. Un site où se mélangent influences nord-africaines, byzantines et orientales.
Mesurant 1500 m sur 700, la cité "fut construite sur des terrasses échelonnées épousant la pente de la montagne". Elle correspond ainsi à une hiérarchie savamment organisée. Le palais fortifié (qsar) est situé tout en haut. Tandis que les parties les plus basses abritent les logements. La mosquée est située à l’extérieur des murs.
Le pouvoir du calife s’affirmait ainsi aux yeux de tous. "La ville de Cordoue et les plaines au-delà du palais sont ainsi dominées physiquement et visuellement par les bâtiments de la médina" (ville en arabe), note huffpostmaghtreb. 12.000 personnes y auraient vécu.
10% des ruines ont été dégagées
"Pour amener l’eau abondante nécessaire aux parcs et floraux dans ces terres arides", Abd al-Rahman III a commandé la construction d’une canalisation en plomb qui "parcourt les montagnes, traverse les vallées par des aqueducs". Et "est considérée aujourd’hui comme l’une des réalisations les plus admirables" du calife.
Le site "est un ensemble urbain complet comprenant des infrastructures, bâtiments, décoration et objets du quotidien", explique l’Unesco. Il a conservé les caractéristiques du paysage qui jouèrent sur le choix de l’emplacement de la ville. De plus, il est intact et n’a apparemment jamais été recouvert par d’autres constructions.
Pour l’instant, seuls 10% des ruines ont été dégagées. La partie fouillée du qsar a mis au jour une série de bâtiments dont les murs originaux atteignent plusieurs mètres de haut. Les restes de la mosquée rappellent le plan du prestigieux édifice religieux de Cordoue.
Le site constitue aujourd’hui "le plus grand gisement archéologique" d’Espagne, dixit le site internet officiel de Medina Azahara. A l’entrée, un musée-"centre d’interprétation" présente les résultats des fouilles. En 2017, le monument a été visité par 186.000 visiteurs.
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