Italie : le Museo Egizio de Turin, le plus ancien musée d'égyptologie au monde, célèbre ses 200 ans
Le Musée égyptien de Turin a été créé en 1824 par le roi de Sardaigne, duc de Savoie et prince de Piémont Charles-Félix (1765-1831), pour abriter la collection d'objets et de statues antiques égyptiennes qu'il venait d'acquérir.
Le premier musée exclusivement consacré à l'égyptologie voyait le jour, loin de la terre des pharaons, au pied des Alpes italiennes. On célèbre aujourd'hui les 200 ans d'existence d'une collection considérée comme la plus importante au monde pour la quantité et la valeur de ses pièces, après le musée du Caire.
La collection Drovetti
Une collection que l'on doit au Piémontais Bernardino Drovetti, qui accompagna Bonaparte lors de la Campagne d'Égypte. Il y deviendra consul de France et réunira pendant son séjour une collection de plusieurs milliers de pièces : statues, sarcophages, momies, objets usuels et bijoux, ainsi qu'une série de papyrus. Des papyrus que Jean-François Champollion viendra étudier durant plusieurs mois dès la création du musée pour valider ses recherches sur le déchiffrement des hiéroglyphes.
"On peut tout à fait dire que l'égyptologie est née ici, à Turin. Il suffit de paraphraser l'un de nos premiers visiteurs en 1824, Champollion, lui-même, qui déclara : "la route de Memphis et Thèbes passe désormais par Turin". Pas seulement parce que cela facilitait ses recherches sur les hiéroglyphes, mais aussi parce que l'ouverture de ce musée a incité les autres monarchies européennes à constituer leurs propres collections sur l'Égypte ancienne", explique Christian Greco, le directeur du Museo Egizio.
Une collection exceptionnelle qui aurait pu être française. En effet, quand Drovetti décide d'en vendre une partie, la France se montre intéressée, mais refuse finalement de débourser les 400 000 lires demandées.
"Pour l'époque, c'était une somme exorbitante. Dans la double négociation que mena Drovetti avec la France et le royaume de Piémont-Sardaigne, c'est finalement le roi Charles-Félix qui l'emporta. Parce que la somme demandée était jugée trop élevée par le roi de France", raconte Massimo Mori, président de l'Académie des sciences de Turin, dans laquelle est installé le musée.
Au fil du temps, les collections se sont développées sous l'impulsion des directeurs successifs du musée égyptien, et notamment durant le règne de l'archéologue et égyptologue Ernesto Schiaparelli. Directeur pendant plus de trente ans, jusqu'à sa mort en 1928, il fit entrer près de 20 000 pièces. Une collection exceptionnelle qui en compte aujourd'hui 40 000 et qui attire des visiteurs du monde entier, plus d'un million l'an dernier.
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