Le sous-sol de la basilique Saint-Denis cache des trésors : 200 sépultures retrouvées lors de fouilles exceptionnelles
Cela faisait plus de 150 ans que la basilique Saint-Denis attendait la reconstruction de sa deuxième flèche. "En 1836, un méchant coup de foudre avait commencé à la faire se fissurer de façon très grave [obligeant les contemporains à la détruire]", raconte Ivan Lafarge, archéologue en charge du chantier pour le département de Seine-Saint-Denis. En 2028 enfin, ce chef-d’œuvre architectural de l’art gothique retrouvera son état du XIIIe siècle avec la reconstruction d'une nouvelle flèche.
Mais il y a un problème. Pour consolider les fondations médiévales, il est nécessaire d'injecter une importante quantité de béton. Or, les sous-sols sont d'une richesse remarquable : d'abord légendaire lieu de sépulture de saint Denis au IIIe siècle, puis cimetière mérovingien et enfin nécropole de quarante-trois rois et trente-deux reines de France, de Dagobert Ier jusqu'à Louis XVIII. Les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) sont alors en charge de fouiller l'intérieur et l'extérieur de l'édifice avec l'aide du département et de la ville de Saint-Denis.
Une fabuleuse opportunité
Plongés au cœur du cimetière mérovingien et carolingien, les archéologues ont trouvé en quelques mois plus de 200 sépultures. On compte déjà plus d'une soixantaine de sarcophage en plâtre, principalement d'époque mérovingienne, parfois dans un incroyable état de conservation. Ivan Lafarge soupçonne qu'il s'agisse de tombes aristocratiques et monastiques, car certains défunts portent encore des restes métalliques permettant d'imaginer les vêtements. Les parois des cuves en pierre et en plâtre ont aussi parfois de magnifiques décors moulés. "Certains sont inédits, c'est-à-dire inconnus jusqu'à présent", se réjouit Cyrille Le Forestier.
Vers une meilleure compréhension historique
"L'Université d'Harvard nous a sollicité pour un grand projet d'études ADN partout en Europe afin de suivre la peste justinienne [qui sévit dès le milieu du VIe siècle], confie Cyrille Le Forestier. Avec le musée de l'homme et la Drac, on va aussi prélever des ossements humains pour faire ensuite des analyses de liens de parenté et de maladie". Ces projets scientifiques ont pour but de mieux comprendre l'histoire de ces individus enterrés à Saint-Denis au début du Moyen Âge. "On essaie de retricoter l'histoire de ces gens, savoir si on a affaire à des hommes ou des femmes, des biens portants, des malades. On a déjà un cas de poliomyélite."
Or, la reine Arégonde, belle fille de Clovis, dont la sépulture a été retrouvée non loin au milieu du XXe siècle, a justement la poliomyélite. "C'est une maladie transmissible, donc nous allons pouvoir comparer l'ADN de ces deux sujets", déclare Cyrille Le Forestier. Bientôt, nous saurons donc s'ils ont un lien de parenté ou un quelconque rapport entre eux.
Ces fouilles ont aussi mis au jour des vestiges de bâtiments antérieurs d'époque mérovingienne et carolingienne. L'occasion de pouvoir alors retracer sur près d'un millénaire l'évolution architecturale de ce joyau de l'histoire de France qu'est la basilique Saint-Denis.
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