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Les papyrus égyptiens découverts par Champollion révèlent de nouveaux secrets grâce aux rayons X du synchrotron de Grenoble

Des fragments de papyrus exhumés par le célèbre égyptologue ont été analysés par une équipe de chercheurs en physique. Grâce au rayon X ultrapuissant du synchrotron, ils ont pu en déchiffrer les mystères, sans détériorer les échantillons.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les papyrus trouvés par Champollion analysés au rayon X du synchrotron de Grenoble (France 3 Alpes)

Il a été le premier à percer le secret des hiéroglyphes, en 1822, à force de patience.
Deux siècles après la découverte de Jean-François Champollion, la technologie s'emploie encore à révéler les mystères de l'Egypte ancienne.

Grâce à son rayon X ultra puissant, L'European Synchrotron Radiation Facility (ESRF) basé à Grenoble (Isère), a permis récemment de nouvelles découvertes sur les papyrus conservés depuis 2017 à la maison Champollion. 

Papyrus rayon X
Papyrus rayon X Papyrus rayon X (France 3 Alpes / G. Ragris / F. Céroni / T. Huynh)



Les papyrus au rayon X 

C'est une civilisation née il y a plus de 5 000 ans. Et pourtant, aujourd'hui encore pharaons et déesses continuent d'attiser la curiosité des scientifiques. C'est le cas de Pierre-Olivier Autran, un jeune chercheur en physique, auteur d'un article paru récemment dans la très sérieuse revue Scientific Reports. Il a étudié la structure des papyrus.

Grâce au rayon X du synchrotron, qui possède un accélérateur de particules dix fois plus puissants que les rayons X habituels, il a pu en déchiffrer les mystères, sans abimer les fragments conservés par le musée Champollion. "On arrive à retrouver la recette qui était utilisée à l'époque, la composition de ces pigments, il y a plusieurs couleurs de la palette égyptienne", explique le chercheur. 

Sa thèse publiée récemment, met aussi en lumière la fabrication de ces papyrus. Ils seraient composés de trois couches, avec probablement, le travail de plusieurs scribes. "On observe la superposition successive d'un dessin préparatoire, puis de différentes couleurs et à la fin d'un trait au noir de carbone qui permet de souligner la beauté de ces fragments", détaille encore Pierre-Olivier Autran. 

 

Les papyrus en cours d'analyse au synchrotron de Grenoble (France 3 Alpes)

La maison Champollion 

Plus de 2000 ans après, on en sait donc un peu plus sur ces papyrus ramenés par Champollion lors de son unique campagne de recherche sur le terrain, campagne qui lui fut d'une aide précieuse dans le déchiffrement de l'écriture des hiéroglyphes. "Avec cette étude on a l'impression de revivre la fabrication des papyrus et d'en apprendre davantage sur le travail de Jean-François Champollion. C'est un ensemble de données qui permet aujourd'hui de restituer au public ce fonds", se réjouit Caroline Dugand, conservatrice du musée Champollion. 

Ces papyrus, qui datent de l'époque ptolémaïque (de 323 à 30 avant notre ère), proviennent de la maison Champollion, à Vif en Isère. Le musée, installé dans la propriété familiale des Champollion, présente des espaces reconstitués, des objets personnels et notes de travail qui plongent le visiteur dans l’effervescence intellectuelle du début du XIXe siècle.

Le site est aussi une référence dans le milieu de l'Egyptologie. En 2017, il reçoit des fragments de papyrus utilisés par le célèbre égyptologue. "Ils étaient précisément dans cette enveloppe qui porte cette inscription 'papyrus égyptiens trouvés dans les affaires de votre grand-père'", rapporte encore la conservatrice. 

Un nouveau programme de recherche est lancé pour les quatre prochaines années. Il permettra de faire avancer le travail des restaurateurs et d'en apprendre encore plus sur cette écriture sacrée de l'Egypte ancienne.

Le musée Champollion présente jusqu'au 30 octobre 2023 l'exposition "Un chantier déchiffré" qui retrace l’œuvre des frères Champollion. 

Ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf le 1er mai.
Fermeture entre 12h30 et 13h30.

Gratuit

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