Au Festival Lumière de Lyon, le Marché des films anciens accélère la rénovation d'œuvres de patrimoine

La renommée du Festival Lumière de Lyon, qui s'est ouvert avec son parterre de stars du cinéma le 9 octobre, n'est plus à prouver. Jusqu'au 17 octobre, le festival propose dans une vingtaine de lieux de la ville plus de 150 films et documentaires. Mais saviez-vous que l'événement héberge, depuis 2013 déjà, le Marché international du film classique (MIFC) ? Seul marché de ce type au monde, le MIFC a pour objectif de faire restaurer des films dits "de patrimoine" en faisant se rencontrer les différents acteurs du secteur : éditeurs, patrons de laboratoire, diffuseurs... Un business de niche où l'on "ne gagne pas beaucoup d'argent", mais où l'on trouve "des gens passionnés qui ont à cœur que le public puisse continuer à voir ces films dans les meilleures conditions possibles", selon Margaret Bodde, Grand Témoin de l'édition 2021 et directrice générale de la Film Foundation créée par Martin Scorsese.

Un marché en plein essor

Le Marché international du film classique est un événement incontournable et surtout indispensable pour la restauration des œuvres classiques. Pour restaurer un film ancien, il faut en effet compter entre 40 000 et 400 000 euros. Le MIFC a été créé pour accompagner un boom des restaurations numériques. Un phénomène qui s'explique lui-même par la démultiplication et la digitalisation des supports de diffusion des films. "Il y a quelques années, hormis la télé et la salle, il n’existait pas d’autre support de diffusion des films de patrimoine. Aujourd’hui tout ce qui relève du streaming a multiplié les surfaces d’exposition du film de patrimoine", témoigne ainsi Juliette Rajon, directrice de l'événement.

Des participants venus du monde entier

Le Marché international du film classique est un succès, et des acteurs de ce milieu venus du monde entier affluent. Le Suédois Patrick Sychowski, présent au festival, a créé une plateforme dédiée aux films anciens. "Le festival Lumière est le premier marché au monde pour les films classiques avec 450 professionnels présents et de nombreux pays représentés. Nous avions besoin de venir ici pour proposer à nos spectateurs des films qui aient minimum trente ans, voire qui soient muets", assure-t-il. Grâce au festival, Vincent Paul-Boncour, co-fondateur de Carlotta Films, un distributeur de films de patrimoine, va pouvoir faire restaurer des films de la réalisatrice et actrice japonaise Kinuyo Tanaka, véritable vedette de cinéma des années 1930. "C’est grâce à cette visibilité, cette notoriété du MIFC qu’on a pu réussir à convaincre quatre gros studios japonais de restaurer les films, à la fois pour leur préservation et pour leur visibilité".

De la visibilité, le MIFC 2022 en donnera sans aucun doute à de nombreux films de patrimoine. Et, qui sait, le Festival Lumière de l'an prochain proposera peut-être des œuvres qui jouent leur avenir en ce moment au Marché...