Au Liban, Baalbeck et ses ruines romaines désertées par les habitants et les touristes

La métropole, dans la plaine de la Békaa, un bastion du Hezbollah à la frontière syrienne, vit essentiellement du tourisme, notamment grâce à son site hérité de l'antique Héliopolis, et classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
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Vue aérienne des ruines romaines de Baalbeck au Liban en janvier 2024 (AMAZING AERIAL AGENCY/SIPA / SIPA)

Depuis plus d'un mois, le mythique hôtel Palmyra n'a pas hébergé un seul touriste venu explorer les ruines romaines de Baalbeck, près desquelles s'abattent les bombes israéliennes. Mais Rabih Salika refuse de quitter l'établissement où il travaille depuis 24 ans.

Sous les hauts plafonds de l'élégante bâtisse de pierre du XIXe siècle, il époussette le mobilier ancien, balayant dans la cour le verre brisé des vitres soufflées par les bombardements. "En 150 ans, cet hôtel n'a jamais fermé ses portes", s'enorgueillit le quadragénaire. Mais l'établissement, qui a accueilli Charles de Gaulle et Lawrence d'Arabie, "est totalement vide, pas un seul client".

Toute la ville est impactée par la guerre opposant Israël au mouvement pro-iranien Hezbollah, implanté à Baalbeck. Plus de la moitié des 250.000 habitants sont partis, selon la municipalité. Ceux qui restent sont claquemurés chez eux, se pressant le matin pour faire leurs courses car les boutiques ferment tôt.

La métropole, dans la plaine de la Békaa, un bastion du Hezbollah à la frontière syrienne, vit essentiellement du tourisme, notamment grâce à son site classé au patrimoine mondial de l'Unesco : il abrite "parmi les plus grands temples romains jamais construits et parmi les mieux préservés".

"Tout a changé"

Depuis un an, malgré les échanges de tirs dans le sud entre le Hezbollah et Israël, Baalbeck avait été relativement épargnée. Mais les frappes se sont intensifiées ces dernières semaines.

Le maire de Baalbeck, Moustafa al-Chall, assure que les frappes ont visé "des secteurs commerciaux et résidentiels" et précise que le marché central ouvre à peine une heure par jour. Avec le peu de moyens dont dispose la municipalité, dans un pays en plein effondrement économique, les services de M. Chall font ce qu'ils peuvent. 

Comme partout ailleurs au Liban, Baalbeck attend la fin des hostilités pour espérer retrouver un semblant de normalité. En 2024, le nombre de visiteurs s'est effondré représentant 5%  des chiffres enregistrés l'année précédente. La ville avait accueilli près de 70.000 touristes et 100.000 visiteurs libanais. Outre le million de fidèles chiites venant se recueillir annuellement au mausolée de Sayyida Khawla, fille de l'imam Hussein, figure fondatrice de l'islam chiite.

"L'un des vestiges les plus imposants de l'architecture romaine impériale"

Début octobre, une frappe près des ruines romaines avait suscité l'émoi au Liban. Le gouverneur de la région, Bachir Khodr, avait mis en garde contre "les retombées négatives" de ces bombardements pour le site, que ce soit "la fumée noire qui impacte la pierre, ou le souffle de l'explosion" qui fragilise la structure.

Avec ses constructions colossales bâties pendant plus de deux siècles, "Baalbeck demeure l'un des vestiges les plus imposants de l'architecture romaine impériale à son apogée", rappelle l'Unesco sur son site Internet. Elle vante le temple de Jupiter et "ses colonnes de 20 mètres de hauteur", et un second temple dédié à Bacchus, qui se démarque par "une décoration riche et abondante".

Interrogée par l'AFP, l'agence a dit "suivre de près l'impact de la crise actuelle" sur le patrimoine libanais.

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