Bataille autour du trésor d'un galion espagnol
595.000 pièces d'or et d'argent
"Nous ne sommes pas motivés par l'argent, nous cherchons à honorer la mémoire de nos aïeux qui sont morts à bord", affirme Mathilde Daireaux Kinsky, une Argentine de 49 ans résidant en Colombie. Selon elle, une partie de la cargaison du navire "Nuestra Senora de las Mercedes", coulé par les Britanniques lors d'une bataille en 1804, appartenait à son ancêtre, Diego de Alvear y Ponce de Leon.
Basé dans les colonies, ce général espagnol n'était pas à bord, mais il perdit son épouse et sept de ses enfants, ainsi que de précieuses pièces de monnaie, lors du naufrage, explique Mathilde Daireaux Kinsky, l'une des six descendants qui luttent pour leur part du butin devant un tribunal de Gibraltar.
Composé principalement de pièces d'or et d'argent frappées en Amérique Latine, le trésor avait été repêché en 2007 au large du Portugal par Odyssey Marine Exploration, une compagnie américaine spécialisée dans la recherche de navires échoués en haute mer.
Après une étape à Gibraltar, Odyssey avait transporté la même année une grande partie du butin jusqu'à son siège, en Floride. En février, un juge américain a finalement tranché, obligeant les chasseurs de trésor à rendre à l'Espagne ce butin, soit 595.000 pièces d'or et d'argent et des centaines d'objets en or pesant 23 tonnes.
Un trésor sous-marin exceptionnel
D'une valeur de près de 500 millions de dollars (375 millions d'euros), c'est le plus important trésor sous-marin jamais découvert. "Nombreux sont ceux qui pensent que ces biens sont importants parce qu'il s'agit d'argent. Mais non: c'est important pour nous car tout cela appartient au patrimoine historique et culturel espagnol", explique une source du ministère de la Culture. "Nous souhaitons que le plus de gens possible puissent en profiter".
C'est en vertu des lois sur la souveraineté que la justice américaine a conclu que le trésor appartenait à l'Espagne. Mais les descendants insistent : le navire était en mission commerciale, mandaté notamment par leurs ancêtres pour transporter leurs biens.
Afin de récupérer cette part du trésor, l'Espagne devrait se présenter devant la justice de Gibraltar. Une perspective compliquée par les désaccords diplomatiques existant entre Londres et Madrid.
Deux siècles après que la Grande-Bretagne a coulé "Nuestra Senora de las Mercedes" et avec le navire, leurs aïeux, les espoirs des descendants reposent paradoxalement désormais sur Gibraltar, territoire britannique, souligne l'un d'eux, Rafael Mariano Fernandez De Lavalle. Selon ce Colombien, l'Espagne n'a jamais respecté sa promesse de dédommager son ancêtre, José Antonio De Lavalle y Cortes.
"Cette bataille judiciaire n'est pas terminée, contrairement à ce que l'on pense en Espagne", lance-t-il. "Nous lutterons jusqu'à notre dernier souffle".
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