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Centenaire de l'assassinat de Jean Jaurès : une expo aux Archives Nationales
31 juillet 1914. Veille de la première guerre mondiale. Jean Jaurès, journaliste et homme politique socialiste et pacifiste, est attablé avec des amis au café du Croissant, à Paris. A 21h40, il reçoit une balle en pleine tête. "C'est par sa mort, aussi brutale qu'inattendue", qu'il est entré dans la mémoire collective, souligne une exposition visible jusqu'au 2 juin aux Archives nationales (Paris)
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Jaurès, député socialiste et directeur de l'Humanité, comptait alors écrire un article décisif pour dénoncer l'inconséquence des dirigeants européens prêts à accepter la guerre. Mais il avait décidé de dîner rapidement auparavant.
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L'homme qui a tiré sur lui, Raoul Villain, est une personnalité fragile qui rêve d'une revanche de la France sur l'Allemagne. Pour lui, Jaurès le pacifiste est un traître et il doit être puni. "J'ai le sentiment du devoir accompli", déclare-t-il lors de l'interrogatoire.
Le Parti socialiste, que Jaurès avait engagé dans une campagne pacifiste énergique contre la guerre, se retrouve sans chef. Le lendemain, le 1er août, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie et la France décrète la mobilisation générale. "L'Union sacrée" se fait sur la tombe de Jaurès. Les socialistes se rallient au gouvernement d'union nationale.
200 documents et objets exposés retracent son combatInaugurée mardi soir par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, une exposition aux Archives Nationales donne le coup d'envoi des commémorations du centenaire de l'assassinat de ce fondateur du socialisme démocratique devenu une référence pour toute la République et dont se réclament aujourd'hui tant la gauche que la droite.
Les vêtements que portait Jaurès le jour de sa mort sont présentés dans une vitrine: une redingote, un pantalon et un gilet en drap gris, qui permettent de se représenter la corpulence du tribun, pas très grand et trapu.
La table avec son dessus en marbre (classé monument historique) à laquelle il dînait, est là également pour rappeler cette page tragique.
"En exposant non seulement des archives mais aussi ses objets, nous avons voulu insister sur l'homme", souligne Magali Lascousse, conservateur en chef du patrimoine aux Archives nationales et co-commissaire de l'exposition qui se tient jusqu'au 2 juin.
A travers près de deux cents documents et objets, dont certains inédits, cette exposition retrace la formation, les combats parlementaires et militants pour la laïcité et la paix, la défense du progrès social et l'idéal d'une humanité fraternelle de Jean Jaurès.
Évoquer son action publique, sa personnalité et ses idées politiques, permet aussi, dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre, de faciliter la compréhension de l'enclenchement des conflits et de l'organisation du monde actuel. Agrégé de philosophie et plus jeune député de France
Né le 3 septembre 1859 à Castres (Tarn), Jaurès est issu d'une famille bourgeoise appauvrie. Son père est exploitant agricole. Brillant, le jeune homme est reçu premier au concours de l'Ecole normale supérieure et devient agrégé de philosophie.
D'abord professeur de philo au lycée d'Albi, le jeune républicain fait son entrée au Palais Bourbon en 1885, devenant le plus jeune député de France. Battu en 1889, il retrouve un siège en 1893, en devenant député socialiste de Carmaux, ville minière du Tarn.
Journaliste, il fonde "L'Humanité"
Convaincu de l'importance de la presse, il écrit très tôt des articles dans les journaux locaux notamment "La Dépêche" de Toulouse dont il deviendra l'un des éditorialistes vedette.
En 1904, il décide de fonder son propre journal, grâce à l'appui d'amis républicains fortunés. Il pense à l'appeler "La lumière" puis "XXe siècle" avant de choisir "L'Humanité".
Le bureau de Jaurès au journal, alors situé rue Montmartre, et son encrier à forme d'oiseau sont à découvrir dans l'exposition.
Tribun à l'Assemblée et homme de terrain
A l'Assemblée, Jaurès, regard clair et barbe fournie, est un tribun remarquable. C'est aussi un homme de terrain, qui voyage pour se rendre compte de la situation ouvrière et paysanne. Il accompagne les luttes sociales très dures face à un patronat brutal.
Quand on l'insulte, il n'hésite pas à se battre en duel aux pistolets. En 1894, il affronte le ministre Louis Barthou qui l'a traité de menteur. Et en 1904, il se bat contre le nationaliste Paul Deroulède qui l'a accusé d'être un "corrupteur de la conscience publique". Personne n'est blessé.
Le "patron" du socialisme français
En 1908, Jaurès devient "le vrai patron" du socialisme français: après huit heures de discours, il parvient à faire adopter sa motion de synthèse au congrès de Toulouse de la SFIO (Section française de l'internationale ouvrière), souligne Gilles Candar, président de la Société d'études jaurésiennes, qui vient de publier "Jean Jaurès" chez Fayard avec Vincent Duclert.
D'abord enterré à Albi, Jaurès entre au Panthéon en 1924. Les ouvriers de Carmaux poussent l'immense char pavoisé chargé du cercueil.
Du 5 mars au 2 juin 2014
Archives nationales - Hôtel de soubise
60, rue des Francs-Bourgeois - 75003 Paris
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