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Découvrez à Avignon le grand chantier de restauration "en conservation" du Palais des Papes

À Avignon, le Palais des Papes s’offre une cure de beauté. Deux ans et demi de travaux de restauration qui ont commencé, à l'abri des regards, derrière une immense bâche de 1700 m². 

Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
La bâche sans pub et en trompe l'oeil qui reprend les deux symboles du Vaucluse, le Mont Ventoux et les arches du Palais des Papes. (F. Renard / France Télévisions)

Les travaux du grand chantier de restauration du Palais des Papes d'Avignon - l’un des dix monuments les plus visités de France avec plus de 700 000 visiteurs chaque année - ont débuté en mars 2020. Mais la phase la plus "visible" n'a commencé qu'en août dernier avec l’installation d’un immense échafaudage sur la partie ancienne de l'édifice qui date des années 1330. Et plus particulièrement la tour de la Campane, le cloître, la chapelle Benoit XII et l'aile des Familiers.  

Le Palais des Papes à Avignon s’offre une cure de beauté. Deux ans et demi de travaux de restauration qui ont commencé à l'abri des regards derrière une immense bâche de 1700 m².
restauration Palais des Papes Le Palais des Papes à Avignon s’offre une cure de beauté. Deux ans et demi de travaux de restauration qui ont commencé à l'abri des regards derrière une immense bâche de 1700 m². (FTR)

C’est sur les arches de cette aile qu’a été déposée début janvier 2022 une bâche de 1700m² où l’on voit le célèbre Mont Ventoux (un des grands symboles du département du Vaucluse) se dresser derrière des arches en trompe-l’œil. Cet immense photomontage réalisé à partir de clichés réalisés par drone a été préféré aux habituels placards publicitaires qui ornent souvent les bâches recouvrant les monuments... moyennant une rétribution des annonceurs.

Pas de pub sur le Palais

Ici, pas de pub mais un slogan, "Vaucluse, le Sud des possibles" : "L’idée c’était de donner à voir, de montrer qu’un chantier peut embellir. On a vraiment fait le choix de ne pas mettre de publicités commerciales sur ce bâtiment qui est inscrit au patrimoine de l'Unesco", commente Dominique Santoni, la présidente du Conseil départemental du Vaucluse. Il faut dire que ce chantier - qui s'élève à 5,8 millions d'euros - est financé en grande partie par le Département. L'État contribue à hauteur de 30%. Quant à la ville d'Avignon, elle a investi 350 000 euros. 

Symbole du rayonnement de l’église sur l’Occident chrétien au XIVème siècle, le Palais des Papes avait besoin de se refaire une beauté. (F. Renard / France Télévisions)

Conserver au maximum l'existant

Derrière la bâche, la restauration a commencé. Façades, charpentes, menuiseries, ferronneries et vitraux vont être rénovés grâce à l’intervention de six entreprises différentes (souvent composées de Compagnons du devoir), le tout sous l’œil de l'agence Pierre-Antoine Gatier.

Plus visible à terme que tout le reste des travaux, la restauration des façades a été longuement préparée en amont. "La philosophie du chantier, c’est une restauration en conservation. L’objectif, c’est vraiment de conserver la morphologie existante du Palais en consolidant certaines zones", explique Alice Trevien, architecte en chef des monuments historiques. Pour garder l’esprit du monument, les façades ont donc été cartographiées en fonction de la nature et de l'origine des pierres.

La façade du Palais des Papes avant le chantier de restauration. (CLEMENTINE FAURE/WOSTOK PRESS / MAXPPP)

Des pierres remplacées, d'autres nettoyées

Résultat : douze natures de pierres différentes ont été recensées, comme la pierre de Barbentane (du nom d’un village des Bouches-du-Rhône dont la pierre a été longtemps été utilisée pour des éléments architecturaux d'Avignon). Le problème, c’est que la carrière qui la produisait est fermée. Dès lors, comment restaurer les parties très dégradées sans dénaturer le monument ? Des études ont été menées en laboratoire pour déterminer les caractéristiques de la pierre de Barbentane et en trouver une autre qui soit la plus proche de ses caractéristiques physico-chimique, de sa dureté… Au final, seules les pierres qui comptent plus de 60% de dégradations seront remplacées par des pierres issues des carrières les plus en lien avec celles d'origine. 

Et qu'en est-il des pierres qui ne sont pas à remplacer ? Assombries par la pollution et les intempéries, elles ont juste besoin d’être nettoyées mais sans les abîmer. C’est donc un mélange d’huiles essentielles de citron et de géranium qui est utilisé pour traiter les lichens et les mousses qui se sont développées sur la pierre. Une fois appliqué, on laisse agir le produit pendant deux semaines avant d’effectuer un nettoyage à la vapeur saturée qui permet de rendre à la pierre sa couleur d’origine.

Un technicien pulvérise un mélange d'huiles essentielles de citron et de géranium pour éliminer les moisissures.  (F. Renard / France Télévisions)

Des travaux jusqu'en 2024

D’autres travaux sont prévus sur les huisseries, les fers forgés (dont certains datent du XIVe siècle) et les vitraux avec une restauration en atelier. D’après le calendrier prévu pour les travaux, cette phase de restauration devrait être achevée fin 2022. 

La troisième et dernière étape des travaux aura lieu en 2023 et 2024. Un échafaudage sera monté dans le cloître du palais ancien pour restaurer la façade et la toiture de la chapelle Benoit XII. De quoi redonner tout son lustre à cet édifice considéré comme la plus grande construction médiévale d'Europe. 

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