Des photos étonnantes des cathédrales vues d'en haut
Les cathédrales gothiques sont le terrain de jeu d'Alain Kilar et de Joëlle Richard. Ces deux photographes suisses sont tombés sous le charme de l'architecture flamboyante et cherchent à la montrer d'une manière totalement inédite comme un ange pourrait la voir.
Leur projet s'appelle "Les promenades angéliques" et il repose sur un équipement 100% maison, baptisé Séraphine. Rencontre à 36 mètres de haut, sous la voûte du vaisseau central de la cathédrale Saint-Etienne de Bourges
Reportage : E. Bruzat / J. Roché / L. Vaury
Chartres : la révélation angélique
C'est à Chartres qu'Alain Kilar tombe amoureux de la grandeur des pierres. Au cours d'une visite de la cathédrale, le photographe observe ce qui l'entour. Et constate qu'il faut lever les yeux pour admirer l'édifice. Il décide alors d'inverser le point de vue du photographe et de réaliser des promenades angéliques.Il m'est passé une idée par la tête et je me suis dit, "j'aimerais tellement être un ange qui vole sous les voûtes pour regarder d'en haut ce qui se passe"
Alain KilarSéraphine : l'ange câblé
Le système ingénieux imaginé par Alain Kilar baptisé Séraphine (en hommage aux anges qui, dans la Bible, gravitent autour du trône de Dieu), permet de donner des ailes à l'appareil photo. Grâce à lui, le boitier peut monter jusqu'à 50 mètres de haut en toute stabilité. Pour que cela fonctionne, tout est affaire de câbles et de transmission. L'engin radiocommandé se promène partout dans la cathédrale et capture des angles de vue inaccessibles depuis la construction de l'édifice.
C'est des moulinets de pêche qu'on a motorisés, comme ça on peut tendre notre Séraphine à 30 mètres de haut et éviter que ça balance
Quand Séraphine s'envole, l'opération devient délicate. Car dans une cathédrale, les courants d'air sont nombreux, et difficiles à appréhender. Joëlle et Alain appellent ça, la météo interne. "Quand on se promène en haut, il y a des courants d'air partout et ça crée en altitude des phénomènes qui ne sont pas perceptibles depuis le sol", explique Joëlle Richard.
Séraphine accouche de ses premiers clichés
Après trois heures de mise au point, Séraphine livre enfin ses photos. Devant l'ordinateur, les photographes tâtonnent pour trouver le bon angle de vue, l'exposition parfaite. Des dizaines de photos qui seront assemblées pour n'en faire qu'une.
Alors, des trésors inaccessibles émergent, les personnages minuscules des vitraux prennent toute leur ampleur et la magie opère.
Moi j'aime bien retrouver la texture de la pierre, le trait de pinceau de l'ouvrier de l'époque
Joëlle Richard, photographeLa colombe de Bourges révélée au public
Lors de leur minutieuse enquête photographique, Alain et Joëlle découvre sur le vitrail du grand ousteau, une colombe qui trône au centre de la rose. Un détail réservé aux visiteurs munis de très bonnes jumelles mais seulement en contre-plongée.
On a des beautés qui sont cachées dans ces monuments, des vitraux à 35 mètres de haut. En étant pile en face, on arrive à faire de la photo très haute définition des vitraux
Alain Kilar La démarche des deux dénicheurs est à la fois spirituelle (l'édifice exploré reste un lieu religieux) et pédagogique. "Il s'agit aussi de redonner l'intérêt aux jeunes pour redécouvrir des endroits entièrement gratuits et chargés de trésors", témoigne Alain Kilar.
Bourges, Tours, Chartres, Fribourg et Lausanne, toutes ces bâtisses n'ont plus de secret pour Alain et Joëlle. Aujourd'hui, leurs clichés inédits rendent accessibles des messages dissimulés au coeur de la pierre.
Détails originels ou ensembles majestueux, toutes ces photos devraient faire l'objet d'une exposition fin 2017 qui passera par Fribourg, Lausanne, Chartres et Bourges. D'ici là, Joëlle, Alain et Séraphine iront voler tout près des anges, dans les plus belles cathédrales gothiques d'Europe.
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