Deux "chapeaux coléoptères" créés près de Lyon bientôt au Musée des Confluences
L'ambiance est studieuse à l’Atelier-Musée du chapeau de Chazelles-sur-Lyon (Loire). Depuis quelques semaines Isabelle Grange, la chapelière, travaille sur deux chapeaux destinés à enrichir l'exposition de fin d'année du musée des Confluences de Lyon. Il y sera question de coléoptères et autres insectes, alors forcément les deux pièces évoqueront un monde caché sous la carapace. Visite en avant-première dans l'atelier de la chapelière.
Reportage : S. Loeb / C. Lepoittevin / Y. Capy
Sous la carapace... le feutre
Plus habituée à travailler sur la création de collections haute-couture, Isabelle Grange a accepté ce nouveau défi avec enthousiasme. "Je suis en train de coudre des élytres de coléoptère, ça ressemble à de véritables bijoux", s'émerveille-t-elle en dévoilant ces petites carapaces d'ailes d'insectes.Pour cette commande un peu spéciale, la créatrice a imaginé deux modèles uniques. Le premier, est un chapeau pour femme. Il sera paré d'une coiffe ronde rappelant une carapace. Le second, est un chapeau haut-de-forme qui évoque celui de Chapelier Fou d'Alice aux Pays des Merveilles, il sera présenté avec un coléoptère à l'intérieur.
Pour cette artiste-peintre de formation, chaque projet correspond à un nouveau territoire à explorer. De New York, où elle a passé 10 ans en tant que directrice artistique, à Chazelles-sur-Lyon sa région d'origine, la chapelière-modiste est très fière de collaborer à ce projet d'envergure. "Pour moi c'est extraordinaire d'avoir deux chapeaux exposés au Musée des Confluences et pour l’Atelier-Musée du chapeau aussi, c'est assez fabuleux de faire une collaboration sur un thème aussi particulier et aussi extraordinaire", souligne-t-elle.
Un savoir-faire local mis en valeur par les coléoptères
Cette collaboration entre le grand musée des Confluences de Lyon et le plus confidentiel Atelier-Musée du chapeau marque aussi la volonté de diffuser un savoir-faire régional. Au début du XXe siècle, Chazelles-sur-Lyon était la principale cité de production du chapeau de feutre de luxe en France (28 usines et 2 500 ouvriers en 1930). "On voulait illustrer la partie création artistique, l'utilisation du matériau coléoptère dans la haute-couture", rapporte Jean-François Courant, Chargé d'expositions au musée des Confluences.Chazelles-sur-Lyon, capitale du chapeau depuis cinq siècles
Cette ville des Monts du Lyonnais a connu plusieurs siècles de prospérité grâce à la chapellerie de feutre de poil - lapin domestique, garenne et lièvre. On y note la présence de chapeliers au XVIe siècle. Le milieu du XIXe siècle marque la fin de la période artisanale et des petits ateliers.L'ère industrielle et la mécanisation gagnent la chapellerie. Elle explose complètement au XXe siècle. Sa renommée dépasse les frontières nationales avec des marques telles que Fléchet, France, Morreton.
L’évolution de la mode d’après-guerre porte un coup fatal à cette industrie, dont le dernier représentant à Chazelles, et en France, a fermé ses portes en 1997.
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