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Deux siècles plus tard, une église de Gironde retrouve ses orgues

Une église de La Réole, dans l'Entre-deux-Mers girondin, a récupéré vendredi ses grandes orgues classées du 18e siècle, restaurées et modernisées, plus de 210 ans après les avoir perdues, réquisitionnées par la cathédrale de Bordeaux qui les délaissa ensuite.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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  (Jean-Pierre Muller / AFP)
L'orgue de La Réole, ancien bourg fortifié à 60 km de Bordeaux, avait été construit en 1766 par un des grands facteurs de l'époque, Jean-Baptiste Micot, facteur en titre de l'épouse de Louis XV, et orna l'église du prieuré Saint-Pierre jusqu'au début du 19e siècle.
 
L'archevêque de Bordeaux Charles François D'Aviau décida alors de réquisitionner l'orgue réolais, qui fut démonté et installé en 1804 dans la cathédrale Saint-André de Bordeaux, dégradée pendant la Révolution et dépourvue d'orgue.

Une orgue classée au titre des Monuments Historiques

Mais huit ans plus tard, l'instrument déménageait de nouveau : jugé inadapté à l'acoustique de la cathédrale, il était échangé avec celui de l'abbatiale bordelaise Sainte-Croix. L'orgue réolais y demeura 170 ans, restauré au passage en 1857 par Georges Wenner, qui l'adapta techniquement et musicalement, le portant de 22 à 40 jeux. La partie instrumentale de l'orgue, due à Micot puis Wenner, a été classée en 1977 au titre des Monuments Historiques mais démontée et remisée en 1982, alors que la cathédrale de Bordeaux enrichie de grandes orgues neuves rendait à Sainte-Croix son instrument d'origine.
  (Jean-Pierre Muller / AFP)
Des Réolais, réunis autour d'une association, ont depuis des années milité pour un retour de "leur" orgue, avec l'appui du clergé et de la municipalité, auteur d'une motion en ce sens en 2004, jusqu'à ce qu'en 2008 la Ville de Bordeaux accepte un transfert de propriété. Depuis, 15.000 heures ont été requises pour reconstruire et restaurer l'orgue, mission confiée au facteur Pascal Quoirin : un travail minutieux mêlant greffes de corps ou de pavillons de tuyaux, restauration ou remplacement des sommiers selon leur état, et un nouveau buffet de 10 m de haut, pour un orgue de 44 jeux et 2.700 tuyaux, 41% Micot, 37% Wenner.

Une orgue polyvalente

C'est, a expliqué Pascal Quoirin, ce qui fait la particularité de l'orgue de La Réole : une "polyvalence permettant de jouer sur divers registres, du 18e au 20e siècle". "Trois visages, un classique français, un romantique allemand, un symphonique. Et une rare conviction dans les trois accents", a appuyé l'organiste titulaire Uriel Valadeau. Après bénédiction vendredi par l'archevêque de Bordeaux, le cardinal Jean-Pierre Ricard, l'orgue devait être au cœur d'un week-end de festivités : visites commentées, démonstration, concerts, avec notamment le compositeur Thierry Escaich, de l'Académie des Beaux-Arts.

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