Feux mystérieux de la Grotte Chauvet : des scientifiques s'interrogent
Depuis sa découverte à Vallon-Pont-d'Arc en 1994, la Grotte Chauvet n'en finit pas d'intriguer et suscite de nombreuses questions. A Lugasson en Gironde, des scientifiques tentent cette fois le percer le mystère des traces de feux gigantesques retrouvées à l'intérieur de la grotte ornée.
Considérée comme l'un des joyaux de l'art pariétal du paléolithique, la Grotte Chauvet fait l'objet de recherches scientifiques multidisciplinaires. Plusieurs missions avec des paléontolgues, pariétalistes, géomorphologues... se succèdent pour en savoir davantage sur la vie des hommes préhistoriques. Des travaux de recherche sur la taphonomie des parois de la Grotte ont révélé des traces d'altérations thermiques dues à la réalisation de feux de bois par les occupants à l'époque.
Equipe : G. Bernard / C. Brousseau / D. Laurent
Depuis, une équipe de scientifiques bordelais tente de percer le mystère de ces traces de suie retrouvées sur certaines parois de la grotte ornée. On en est sûre, les hommes qui y vivaient faisaient du feu ; mais comment et pourquoi ? la question est posée et 34 scientifiques planchent dessus dans le cadre du programme CarMoThaP (Caractérisation et Modélisation des Thermo-altérations et des résidus de combustion sur les Parois).
Une expérimentation dans une ancienne carrière à Lugasson a donc été menée par une vingtaine de personnes. Archéologues, géologues, chimistes, physiciens, experts en incendie de la police de Paris et pompiers du Groupe d'intervention en milieu périlleux de Gironde ont reconstitué un environnement identique à celui de la Grotte Chauvet, pour ensuite allumer un feu de plusieurs mètres de haut et obtenir des traces de combustion au plafond. Le but étant de comprendre comment il y a près de 40 000 ans, les occupants de la Grotte Chauvet ont eu la capacité et la possibilité de réaliser de telles flambées, et pour quelle finalité ?
C'est la seule grotte ornée en France où on a ces impacts thermiques, ces grands feux, très puissants qui ont été faits. C'est la seule grotte que l'on connaisse aujourd'hui. Cela témoigne d'un comportement humain. Par exemple dans la galerie du mégacéros il y a environ 300 mètres de l'entrée ; il a fallu emmener le combustible, il a fallu s'organiser"
Catherine Ferrier
Responsable du programme "CarMoThaP"
Cette expérience, après analyse apportera de nouveaux éléments ; ils seront répertoriés dans une base de données pour permettre aux scientifiques d'avancer dans leurs recherches. Mais pour l'heure, de nombreuses questions subsistent comme par exemple celle du matériau utilisé. S'agissait-il de petit bois ou d'ossements ? et aussi sur la fonction première de ces foyers. Servaient-ils à se protéger contre d'éventuels prédateurs, à produire du charbon pour pouvoir dessiner ou tout simplement de rituels méconnus ? Le mystère demeure entier.
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