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Hervé Bourges, une carrière au sommet de l'audiovisuel en cinq moments clés

Figure historique de l'audiovisuel français, Hervé Bourges a disparu le 24 février à l'âge de 86 ans.

Article rédigé par franceinfo Culture
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Hervé Bourges en 2017. (JOEL SAGET / AFP)

"Humaniste résolu, défenseur de valeurs indissociables de la télévision publique, militant passionné de la francophonie, c'est plus qu'un ancien président que perd aujourd'hui notre entreprise. France Télévisions est en deuil de son 'père fondateur'", a salué Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions. Les hommages se multiplient depuis l'annonce de la mort d'Hervé Bourges. Le journaliste, ancien président de France 2, France 3, TF1 et RFI, était une figure majeure des médias français. Retour sur les grands moments de sa carrière.

1Conseiller du président algérien

Après des études de journalisme, Hervé Bourges est engagé par l'hebdomadaire Témoignage chrétien, un journal engagé dans la lutte anticoloniale. En 1958, le journaliste part faire son service militaire en Algérie. Il y restera jusqu'en 1960. De retour en France, il entre au cabinet du garde des sceaux Edmond Michelet. Son poste l'amène à rencontrer Ahmed Ben Bella, militant algérien indépendantiste emprisonné en France. Quand l'Algérie obtient son indépendance, en 1962, ce dernier devient chef du gouvernement puis président. Il demande alors au journaliste de devenir son conseiller.

Après le coup d'Etat de Houari Boumédiène en 1965, Hervé Bourges travaille auprès du ministre de l'Information Bachir Boumaza. Arrêté puis emprisonné, il est libéré grâce à l'intervention du cardinal Duval à Alger et, à Paris, de Jacques Chirac, alors conseiller du Premier ministre Georges Pompidou.

2Président de TF1

Hervé Bourges quitte l'Algérie pour le Cameroun où il devient directeur de l'école de journalisme de Yaoundé, avant de revenir en France pour diriger l'école supérieure de journalisme de Lille (ESJ). Il est ensuite nommé à la direction de Radio France Internationale (RFI). En 1983, Hervé Bourges devient président de la chaîne TF1,  encore publique à l'époque. Il fait remonter les chiffres d'audience : la chaîne gagne 4 millions de téléspectateurs en 1985, notait Le Monde diplomatique. La chaîne est privatisée en 1987 et rachetée par le groupe Bouygues. Hervé Bourges est contraint de démissionner la même année.

Hervé Bourges à droite et Francis Bouygues à gauche. (JOEL ROBINE / AFP)

3A la tête d'Antenne 2 et FR3

En 1990, Hervé Bourges rebondit : il succède à Philippe Guilhaume à la présidence commune d'Antenne 2 et FR3. Il entreprend de grandes transformations : les deux chaînes changent de nom et deviennent France 2 et France 3. Elles sont ensuite réunies au sein d'un groupe commun : France Télévisions. Il promeut une "télévision populaire de qualité" et engage une politique offensive du service public face à l'ouverture à la concurrence. Il ne se représentera pas à sa propre succession en 1993.

4Président du CSA

Après deux années passées comme ambassadeur de la France auprès de l’Unesco, Hervé Bourges est désigné en janvier 1995 président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, l’autorité publique française de régulation de l’audiovisuel, par le président François Mitterrand. Le mandat d'Hervé Bourges coïncide avec une époque de mutation notamment avec l'arrivée d'internet. Il promeut la diversité dans l'audiovisuel. "Hervé Bourges avait fait de la juste représentation de la société française à l’antenne son combat", a commenté Carole Bienaimé Besse, membre du CSA. 

5Ambassadeur de la francophonie et amoureux de l'Afrique

A l'école de journalisme de Yaoundé, Hervé Bourges forme une génération de journalistes et d'hommes politiques avec qui il garde contact. Il devient président de l'Union internationale de la presse francophone en 2001, une association de journalistes. Il consacre de nombreux ouvrages à l'Afrique : Les cinquante Afriques (Seuil), De mémoire d'éléphant (Grasset), L'Afrique n'attend pas (Actes Sud). Il avait signé en 2012 un dernier documentaire L'Algérie à l'épreuve du pouvoir, avec le réalisateur Jérôme Sesquin. "Ce n'est pas le réveil de l'Afrique qui est important, mais le nôtre par rapport à l'Afrique. Mitterrand disait que 'la France sans l'Afrique, c'est le Luxembourg'. C'est toujours vrai", confiait-il au Point Afrique en 2016.

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