JO 2024 : une vitrine pour la langue française face à l'hégémonie de l'anglais

Cinquième langue la plus parlée au monde, le français compte 320 millions de locuteurs. Les Jeux olympiques de Paris sont l'occasion de remettre la langue française, en perte de vitesse, sur le devant de la scène internationale.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
L'Américain Alexander Massialas (à gauche) affronte le Français Enzo Lefort dans le combat pour la médaille de bronze par équipes de fleuret masculin entre les États-Unis et la France lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Grand Palais à Paris, le 4 août 2024. L'arbitrage de cette discipline s'effectue entièrement en français. (FABRICE COFFRINI / AFP)

"Planche à roulettes" plutôt que "skateboard" et "figure" pour "trick" : en proposant des termes français, les Jeux olympiques offrent une tribune à la langue de Molière, même si l'anglais reste hégémonique.

Aux Jeux de Paris, la France s'est fixé pour mission de promouvoir sa langue dans le domaine du sport, dominé par l'anglais, et de trouver des substituts aux anglicismes des disciplines nouvelles.

Daniel Zielinski est délégué ministériel à la francophonie au ministère des Sports et des Jeux olympiques. Il coordonne le comité qui propose, avec l'Académie française, des vocables là où ils manquent. Et il assure que les linguistes travaillent "avec des homologues québécois et belges" pour trouver des mots francophones, pas seulement venus de France.

"Perte d'influence"

Pour ces JO de Paris, le comité s'est concentré sur quatre sports qui y ont fait leur apparition : breaking, surf, skate et escalade. Des brochures sur papier glacé, comme "Parlez-vous surf ?", donnent des traductions telles que "rouleau de cap" pour "point break". Malgré cela, "planche à roulettes" a bien du mal à s'imposer auprès du grand public, qui utilise davantage son équivalent en anglais.

En prévision des Jeux de 2028, confie Daniel Zielinski, "on travaille sur le vocabulaire pour des sports comme le baseball, le softball, le flag-football", autant de disciplines typiquement américaines que l'on verra à Los Angeles.

Deux mois et demi avant les Jeux, l'Assemblée nationale avait adopté une résolution appelant les organisateurs, participants, visiteurs et journalistes à "utiliser la langue française" le plus possible.

"Les Jeux olympiques reflètent la perte d'influence de notre langue", avait alors regretté la rapporteure de cette résolution, Annie Genevard (Les Républicains). Si le français a toujours été langue officielle aux JO, grâce à Pierre de Coubertin, promoteur des Jeux modernes, l'anglais s'est imposé "comme son successeur dans les années 1930" et plus encore après 1945, d'après l'historien Patrick Clastres.

Parmi les disciplines olympiques, l'escrime fait figure d'exception avec son arbitrage entièrement en français : "En garde. Êtes-vous prêts ? Allez !" Sinon, l'anglais domine toutes les conversations entre athlètes, arbitres et autres officiels.

"Une fenêtre sur la France, Paris et la langue française"

Mais les JO de Paris sont une publicité particulièrement efficace pour la France, d'après Mark Cruse, professeur de français à l'Arizona State University, aux États-Unis. "La réussite dans le sport est une forme de 'soft power' et offre une manière puissante de promouvoir un pays à l'international", explique-t-il à l'AFP.

"Les JO sont une fenêtre sur la France, Paris et la langue française", confirme Cécile Jourdan, la fondatrice de Hello French, qui vend des cours de français en ligne aux anglophones. Et "les vidéos portant spécifiquement sur les Jeux olympiques ont une portée beaucoup plus importante", constate-t-elle. "L'algorithme des réseaux sociaux met en avant nos contenus."

Dans la capitale française, pendant ces Jeux, tout le monde ne connaît pas le français, mais ceux qui l'ont appris se disent heureux de le pratiquer. Richard et Michelle Murray, un couple de Britanniques âgés de 46 et 40 ans, sont ravis de voir leurs enfants s'y risquer. "Ils l'apprennent à l'école et ils essaient un peu ici aussi, en commandant des choses et en parlant aux gens. C'est sympa pour eux de s'entraîner en quelque sorte et d'entendre la langue. C'est une bonne expérience d'apprentissage", selon eux.

Gabriella Seibert, 25 ans, designer américaine, a aussi saisi l'occasion. "Chaque fois que je vais dans une boulangerie, j'essaie de commander en français. On va généralement corriger mon accent. Donc j'essaie de sonner un peu plus française". Fanrui Liao, 39 ans, touriste chinois, ne s'y est pas essayé. "Je sais que Paris est une ville internationale. On peut parler anglais ici. Ça me suffit."

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