Sommet de la Francophonie: Emmanuel Macron reconnaît la réalité du recul du français dans le monde
Après la réunion du G20 en Indonésie puis le sommet de l'Apec en Thaïlande, Emmanuel Macron boucle au Sommet de la Francophonie un marathon diplomatique. À Djerba, en Tunisie, le président français a reconnu lors d'une table ronde – en présence de l'écrivaine Leila Slimani et de la chanteuse Yseult – la "réalité" du déclin de la langue française dans le monde.
Avec 321 millions de locuteurs, le français est la cinquième langue la plus parlée dans le monde. Mais, encore souvent associée à la colonisation au Maghreb ou en Afrique subsaharienne, elle décline régulièrement. Emmanuel Macron le reconnaît, et regrette une perte d’influence : "Il faut être lucide. Dans les pays du Maghreb, on parle moins français qu'il y a vingt ou trente ans. C'est une réalité. La francophonie a un peu reculé."
"Résistance et reconquête"
La place du français dans le monde a effectivement reculé, et laissé peu à peu place à l’anglais et surtout à d’autres influences, notamment russes. Face à un "retour des impéralismes" ou une "partition du monde", qu’il redoute, le chef de l’Etat entend refaire du français une langue universelle de paix et de démocratie : "La langue française est celle qui permet de créer l'unité, de Haïti au continent africain en passant par une partie du continent sud-américain, l'Asie du sud-est et le Pacifique. C'est tout à la fois un espace de résistance et de reconquête. Ce mot a parfois été utilisé par d'autres à mauvais escient, mais c'est un mot d'ambition portée et de voyage qui doit se poursuivre."
"Reconquête" : le mot n’est pas choisi au hasard. Éric Zemmour l’a érigé en slogan politique, Emmanuel Macron en fait aujourd’hui une stratégie, en espérant que la France accueillera le prochain Sommet de la Francophonie en 2024, rappelant aussi l’immense chantier de son premier quinquennat avec l’ouverture de la Cité internationale de la langue française, à Villers-Cotterêts, dans l’Aisne.
La maîtrise du français, enfin, est appelée à devenir une condition pour l’octroi des titres de séjour, en vue du futur projet de loi immigration. La preuve qu’au carrefour de l’influence et de l’identité, la langue de Molière a aussi des airs de marqueur politique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.