"110 ans d’écoutes au service de la Nation" : les "grandes oreilles" de la France au cœur d’une exposition en Alsace
Dès le début de la Première Guerre mondiale, les services d’écoutes se sont imposés comme un maillon essentiel sur le champ de bataille. Au fil des conflits, les techniques d’espionnage se sont perfectionnées. Le rôle des hommes et des femmes de l’ombre est devenu primordial. L’exposition visible au château de Dorlisheim lève, un peu, le voile sur une histoire secrète.
Capter les transmissions de l’ennemi pour déjouer ses attaques. Quand la Première Guerre mondiale éclate, l’armée française dispose déjà d’un service d’écoutes opérationnel. Au cœur des tranchées, des opérateurs tentent d’intercepter les communications de l’armée allemande, au péril de leur vie, comme le montre une maquette présentée dans cette exposition portée par l'Association de la guerre électronique de l'Armée de terre (AGEAT), et déjà présentée au Musée des Transmissions de Cesson-Sevigné près de Rennes.
"Il y avait un chef de poste, trois linguistes en allemand, et deux téléphonistes. Les téléphonistes avaient pour mission, de nuit, de sortir et de ramper jusqu’aux tranchées allemandes", explique le général Jean-Marc Degoulange, président de l’association. Ramper sur la ligne de front pour aller se brancher sur le réseau de communication de l’ennemi. Des missions hautement périlleuses, qui ont permis de déjouer de nombreuses attaques allemandes, notamment dans le secteur de Verdun comme le montre l’exposition, qui reconstitue également un poste d’écoute français grandeur nature avec tout le matériel d’époque.
Secret-défense
Dans les années 30, les techniques d’écoute se modernisent, et à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, la guerre du renseignement devient primordiale. L’exposition montre une table d’écoute utilisée pour intercepter les communications entre le commandement allemand à Paris et l’état-major général à Berlin. 96 lignes pouvaient être écoutées, raconte Eric Kersch, membre de l’association et ancien opérateur d'écoutes dans l’armée : "Ça va du simple soldat des transmissions qui demande un contrôle technique de la ligne, jusqu’à Hitler qui donne des ordres".
Le visiteur peut, grâce à ces reconstitutions fidèles avec mannequins et matériels, se plonger dans les missions classées secret-défense de ces hommes et ces femmes de l’ombre en Indochine, en Algérie, durant la Guerre froide, et plus récemment au Sahel, avec, à chaque fois, des exemples concrets d’écoutes qui ont contribué à changer le cours de l’Histoire.
"110 ans d’écoutes au service de la Nation" - jusqu'au 13 novembre 2022 - Caveau du Château, 105 Grand Rue 67120 Dorlisheim - les samedis, dimanches et jours fériés de 14h à 18h - Entrée gratuite
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