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A Braunau, la transformation de la maison d'Adolf Hitler en poste de police divise les habitants

Que faire de la maison natale de Hitler ? C’est l’épineuse question que s’est posée pendant longtemps la ville natale du dictateur, Braunau am Inn en Autriche. Après des années de réflexion, le débat est désormais tranché : le bâtiment va être transformé en poste de police.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les travaux ont démarré pour transformer la maison d'Hitler à Braunau. (IMAGO/DANIEL SCHARINGER / MAXPPP)

Le dépliant touristique de Braunau am Inn en Autriche ne consacre que quelques lignes à cette maison, mais les visiteurs n'en ont pas besoin pour trouver l'adresse. La bâtisse à la façade jaune pâle se dresse en plein centre-ville. "Si vous voyez la maison à six fenêtres, la famille Hitler vivait vraisemblablement au deuxième étage, côté rue, explique Florian Kotankot, historien. Quand Hitler est né, il y avait une auberge au rez-de-chaussée. On voit encore des supports en fer pour les mâts des drapeaux ou pour mettre des guirlandes ou des fleurs quand des célébrations avaient lieu ici."

Le sort de la maison natale d'Adolf Hitler reste une question épineuse pour la municipalité de Braunau am Inn. Après avoir abrité tour à tour une bibliothèque, une école et un foyer pour personnes handicapées, la bâtisse est vide depuis 2011. Les autorités ont longuement hésité avant de la transformer finalement en poste de police. A la place, Marlies, 75 ans, aurait préféré un lieu de mémoire. "C'est vraiment important de ne pas oublier et de se souvenir sans cesse de cette terrible période nazie, même pour les plus jeunes, affirme-t-elle. On aurait pu mettre des plaques commémoratives ou des symboles de l'Holocauste."

Le rendez-vous des nostalgiques du Troisième Reich

A Braunau, la bâtisse est bien encombrante, surtout quand elle sert de lieu de rendez-vous aux nostalgiques du Troisième Reich. Aloïs Zagler, le patron de l'épicerie voisine, connaît bien ces visiteurs indésirables : "De temps en temps, je dois les chasser parce qu'ils prennent des photos depuis mon entrée et les clients ne peuvent plus circuler."

"On les reconnaît à leur comportement et à leur crânes rasés. C'est typique des extrémistes de droite avec les blousons en cuir et les emblèmes. Peut-être qu'il y en aura moins, qu'ils auront peur de la police."

Aloïs Zagler, patron d'une épicerie voisine de la maison

à franceinfo

Pour gommer les traces du passé, le bâtiment va être transformé de fond en comble, avec une nouvelle toiture et une extension à l'arrière. Mais pour Krystyna, 47 ans, il est impossible de faire oublier ce lourd héritage. "Que ce soit Hitler ou bien Mozart, ils font partie de notre histoire, ce sera toujours la maison de Hitler et ça ne changera jamais, même si on la rasait, estime-t-elle. Les gens continueront à venir et à demander où est né Hitler. Cela ne sert à rien de le cacher, il faut vivre avec."

A la fin des travaux, seul un bloc de granit posé devant l'entrée fera encore référence à l'époque hitlérienne. Gravée dans la pierre, on peut lire : "Pour la paix, la liberté et la démocratie, plus jamais le fascisme".

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