À Grenoble, les archives de Rose Valland, qui permit de sauver nombre d'œuvres d’art volées par les nazis, léguées au Musée de la Résistance et de la Déportation
Pendant la guerre, Rose Valland, alors jeune employée du musée du Jeu de Paume, à Paris, a minutieusement listé toutes les œuvres d’art qu’entreposaient les nazis pour les envoyer en Allemagne. Une histoire qui sera bientôt retracée dans les allées du musée grâce aux documents, photos et effets personnels confiés par la famille de la résistante.
Une espionne au service de l'art
Passionnée d’art, douée pour le dessin, Rose Valland (1898-1980), qui se destinait à être institutrice, a finalement passé sa vie dans les musées. Après des études aux beaux-arts de Lyon et de Paris, elle est nommée, en 1941, attachée de conservation du Musée du Jeu de Paume. Cette fonction lui permet d’espionner les nazis qui utilisaient le musée pour stocker les collections d’art privées pillées, le plus souvent aux familles juives.
Elle note, dans de petits carnets, les mouvements de ces œuvres et leurs origines : d’où elles proviennent, à qui elles appartiennent, où les Allemands les envoient. "Elle le fait parce qu’elle voit tous ces chefs-d’œuvre partir. Elle se dit qu’il faut se souvenir, qu’il faut une mémoire de ce qui a été pillé, spolié. C’est grâce à ce travail qu’elle effectue au Jeu de Paume, pendant la guerre, qu’ensuite elle sera amenée à pouvoir rapporter en France plus de 60 000 œuvres d’art" explique Alice Buffet, directrice du Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère.
Une femme engagée
Déterminée à sauver ces œuvres coûte que coûte, pendant l’Occupation, Rose Valland informe aussi, au péril de sa vie, la Résistance des convois qui transportent les œuvres en Allemagne ou en Autriche afin qu’ils soient épargnés d’une éventuelle destruction. En 1944, elle fera de même en renseignant les troupes alliées, qui bombardent l’ennemi, des lieux où sont conservés ces trésors. Entre 1945 et 1954, elle participe au rapatriement des œuvres volées par les nazis.
Femme de conviction, elle sera dans sa vie privée tout aussi courageuse en devenant, après-guerre, la compagne d’une femme britannique jusqu’au décès de celle-ci en 1977. "Elle a assumé tous ces choix à une époque où ce n’était pas du tout admis. Elle a passé outre et vécu sa vie comme elle le souhaitait. Ce qui là aussi est une forme de courage exceptionnel", témoigne Christine Vernay, sa petite-cousine. Un espace sera consacré au parcours de Rose Valland, en 2026, quand le Musée de la Résistance et de la Déportation aura déménagé dans l’ancien Palais de justice de Grenoble.
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