À Paris, les murs d'os humains des catacombes sont en pleine rénovation
À 20 mètres sous terre, une équipe travaille à reconstituer les murets du plus vaste ossuaire souterrain du monde : les catacombes de Paris. En effet, après plusieurs effondrements ces derniers mois, les murs d'ossements qui tapissent le site ont besoin de rénovation. Un programme de trois ans, de 2023 à 2026, est donc prévu pour les catacombes.
L'objectif du chantier est donc de redonner à ces murs d'ossements, appelé "hagues", (muret qui sert de renfort) leur aspect d'origine tel que l’avaient façonné les carriers au début du 19e siècle. Pour l'équipe qui travaille, cela ressemble donc à un puzzle où il faut assembler les différents ossements pour laisser le moins d'espace vide possible.
"Ces débris sont des débris d'os plus fins ou plus courts qui vont venir s'insérer entre les os plus longs, comme les tibias. Donc on a un espace vide et il faut le combler et il faut trouver la meilleure pièce pour combler le trou", explique Martin Muriot, murailler et tailleur de pierres.
La Hague des martyrs
Actuellement, le premier muret rénové est celui de la Hague des martyrs, composé de près de mille Parisiens, tués en 1792. En effet, après la Révolution, les sans-culottes craignent que les prisonniers politiques complotent un soulèvement contre-révolutionnaire. Ainsi, entre le 2 et le 6 septembre 1792, ces détenus sont assassinés dans les prisons parisiennes.
"C'est vrai qu'on a un petit regard sur l'Histoire avec tout ce que ça peut raconter de travailler avec ces os. Et puis, ça a été des êtres vivants donc on a une certaine considération, un certain respect", estime Edouard Gomis, opérateur en charge de la manipulation.
Une nouvelle méthode de restauration
Pour la première fois, les catacombes de Paris ont décidé d'utiliser une nouvelle méthode de rénovation. Cette méthode, validée scientifiquement, vise à mieux préserver les hagues sur le long terme. Chaque os est mesuré et pesé et les frottements étudiés, pour que les murs tiennent le plus longtemps possible, 200 à 300 ans supplémentaires.
"Il y a toujours du boulot dans ce lieu, c'est un lieu très ancien, c'est une matière organique donc qui bouge, forcément. Le but, c'est de pouvoir conserver ce lieu le plus longtemps possible, dans de bonnes conditions pour qu'il puisse traverser les siècles", affirme Isabelle Knafou, administratrice des catacombes.
Avec ses 600 000 visiteurs chaque année, ce site historique continuera d'être restauré. En 2025, des travaux de modernisation pour améliorer le confort de visite seront notamment lancés.
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