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Cinq tableaux attribués à Adolf Hitler n'ont pas trouvé preneur dans une enchère en Allemagne

Cinq tableaux attribués à Adolf Hitler - des paysages bucoliques - étaient mis aux enchères par la maison Weidler ce samedi 9 février en Allemagne, et pas n'importe où, à Nürenberg, ancien haut-lieu du nazisme. Ces œuvres n'ont finalement pas trouvé preneur lors de cette vente controversée, marquée en amont par la saisie de plusieurs toiles à l'authenticité douteuse.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Aquarelle portant le titre "Buschgruppe" signée A. Hitler.
 (DANIEL KARMANN / AFP)

Ces peintures de paysages bucoliques mises en vente par la maison Weidler pourront toutefois "être cédées à une date ultérieure", a précisé cette dernière dans un court communiqué. En revanche, la maison ne s'est pas exprimée sur les raisons de cet échec. Mais les prix de départs élevés, entre 19.000 et 45.000 euros, conjugués aux suspicions entourant l'enchère, étaient propres à échauder les acheteurs potentiels. 

La maison a tout de même réussi à écouler auprès d'acheteurs "allemand et étranger" deux objets censés avoir appartenu à Hitler: un vase en porcelaine de Meissen représentant un voilier-école de la marine allemande pour 5.500 euros et une nappe pour 630 euros, leurs prix de départ. Une chaise en osier, proposée pour 6.500 euros, est en revanche restée sans offre.

Doutes sur l'authenticité

Mercredi 6 février encore, 26 pièces supplémentaires étaient dans le catalogue de vente. Mais elles ont été saisies le lendemain par les autorités, ainsi que 37 autres, en raison de doutes sur leur authenticité malgré les signatures "A. H." ou "A. Hitler".
Aquarelle "Ortschaft an Vorgebirgssee" signée A. Hitler.
 (DANIEL KARMANN / AFP)
Toutes les pièces, saisies ou non, proviennent de 23 propriétaires différents, selon la maison de vente, qui se défend de toute irrégularité et a souligné coopérer avec la police et le parquet. "Nous menons une enquête au parquet de Nuremberg sur des soupçons de falsification et de tentative de fraude", a indiqué pour sa part à l'AFP la procureure générale Antje Gabriels-Gorsolke. "S'il s'avère que ce sont des faux, nous vérifierons qui dans la chaîne de possession savait quoi", a prévenu la procureure. Certaines oeuvres étaient accompagnées de certificats d'authenticité mais ils pourraient avoir aussi été falsifiés. La maison Weidler a, elle, assuré que le fait que des vérifications en cours sur les 63 oeuvres remises à la police "ne veut pas automatiquement dire qu'il s'agit de faux". 

Ces ventes font régulièrement polémique

Les ventes aux enchères des travaux artistiques d'Hitler font régulièrement polémique en Allemagne, pays qui a fait de la pénitence pour le nazisme une part centrale de son identité. Des collectionneurs, généralement étrangers, étant prêts à dépenser des sommes importantes pour posséder un artefact du dictateur ou d'autres dignitaires nazis, des ventes ont régulièrement lieu en Allemagne. La salle de ventes Weidler a ainsi déjà vendu plusieurs tableaux attribués au Führer, dont une paire d'aquarelles pour 32.000 euros en 2009.

Mais de nombreux faux ou oeuvres douteuses circulent. Le 24 janvier, la police a saisi trois aquarelles attribuées à Hitler, qui devaient être vendues aux enchères à Berlin ce jour-là, en raison là aussi de doutes sur leur authenticité.  Selon des experts, les toiles d'Hitler restent difficiles à authentifier faute de catalogue précis et en raison de la médiocrité des oeuvres du dictateur qui avait échoué à entrer à l'Académie des arts de Vienne. Et l'étude graphologique de la signature reste une méthode insuffisante.

Néanmoins "il y a une longue tradition pour ce commerce de dévotion avec le nazisme", explique à l'AFP Stephan Klingen, de l'Institut central d'histoire de l'art de Munich. "A chaque fois (...) il y a un buzz médiatique autour (...) et les prix qu'ils obtiennent montent en fait continuellement. C'est un peu ce qui m'énerve personnellement", raconte-t-il.




Ulrich May, le maire de Nuremberg où auront lieu les enchères à la maison Weidler, a dénoncé dans le journal Süddeutsche Zeitung un évènement de "mauvais goût".

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