Dans l’Aisne, l’art américain de l’entre-deux guerres s’expose au château de Blérancourt
Le Musée franco-américain consacre une exposition temporaire aux œuvres d’outre-Atlantique de la période 1918-1944. Trente ans de création qui reflètent l’histoire sociale du pays de cette époque.
Le château de Blérancourt abrite depuis les années 1920 un musée dédié à l’amitié franco-américaine, du XVIIIe au XXe siècle. Avec les années, le lieu a pris de l’ampleur et les collections se sont étoffées. Aujourd’hui, avec l’exposition L’Amérique, entre impressionnisme et réalisme (1918-1944), le musée met en lumière une phase artistique peu traitée en France.
L'impressionnisme joyeux
Après la victoire de 1918, les Etats-Unis sont dans une période d’euphorie. Et les propositions artistiques de l’époque s’en ressentent. Les peintres américains trouvent leurs inspirations dans la peinture joyeuse et insouciante des maîtres européens de l’impressionnisme. Un courant qui, aujourd’hui encore, fascine l’Amérique. "Aux Etats-Unis, il y a de nombreuses œuvres impressionnistes dans les musées. C’est le summum pour les Américains", rapporte Valérie Lagier, conservatrice en chef du Musée franco-américain et commissaire de l'exposition.
En octobre 1929, le krach de la Bourse de New York met fin à plusieurs années de croissance économique. C’est la Grande Dépression, une longue phase de récession qui frappe l’économie mondiale. Les Etats-Unis sont durement touchés. Les usines ferment, le chômage explose. A cela s’ajoute une sécheresse sans précédent, appelée le "Dust Bowl", qui plonge les agriculteurs du Texas, de l’Oklahoma et du Kansas dans la misère et l’exode.
Des peintures réalistes qui heurtent
Et certains artistes américains en font écho dans leurs œuvres. Ainsi, Alexandre Hogue consacre à ces désastres agricoles de nombreux tableaux où l’on découvre des animaux ensevelis sous la poussière. "Il y a quelque chose d’extrêmement brutal. On n’hésite pas à montrer la vache éventrée, des choses qui peuvent heurter le public. On est dans un vrai réalisme pour toucher le spectateur", explique Valérie Lagier. Arthur Ladow s’intéresse aussi aux cueilleurs d’oranges, paysans chassés de leurs terres par le Dust Bowl, qui sont employés dans les vergers de Californie dans des conditions sociales désastreuses.
Qualifiés de régionalistes, ces artistes peignent les maux de l’Amérique. Mais comme les ouvriers, ils souffrent eux aussi de la crise. "Du coup, le New Deal va s’intéresser à ces artistes en faisant des commandes publiques. C’est-à-dire en leur donnant du travail. On va faire des concours. Et finalement, la création de ces décors muraux va aussi introduire l’art auprès des populations", raconte Valérie Lagier. Un tournant majeur qui fera de New York, et non plus Paris, le centre du monde artistique dans les années 1950.
"L’Amérique, entre impressionnisme et réaliste (1918-1944)", au Musée franco-américain du château de Blérancourt (Aisne), jusqu’en avril 2023
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.