Commémoration du massacre du 17 octobre 1961 : "Nous sommes très déçus", regrette un descendant d'une victime

Article rédigé par Margaux Duguet, Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Emmanuel Macron dépose une gerbe au pied du pont de Bezons
Emmanuel Macron dépose une gerbe au pied du pont de Bezons Emmanuel Macron dépose une gerbe au pied du pont de Bezons

"Les crimes commis cette nuit-là sous l'autorité de Maurice Papon sont inexcusables", a estimé le chef de l'Etat, samedi, après avoir assisté à une cérémonie à Colombes, dans les Hauts-de-Seine.

Ce qu'il faut savoir

Emmanuel Macron est le premier président à s'être rendu "sur un lieu de mémoire" du massacre des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris. Le chef de l'Etat reconnaît, dans un communiqué, samedi 16 octobre, que "les crimes commis cette nuit-là sous l'autorité de Maurice Papon sont inexcusables". Insuffisant, juge Mehdi Lallaoui, président de l'association "Au nom de la mémoire". Les historiens avancent que cette répression a fait au moins plusieurs dizaines de morts voire même 200 morts selon certaines estimations. Suivez notre direct.

 "Les crimes commis cette nuit-là sous l'autorité de Maurice Papon sont inexcusables". Ce sont les mots utilisés par l'Elysée dans un communiqué publié à après la cérémonie qui a eu lieu samedi après-midi. "La France regarde toute son Histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement
établies", poursuit la présidence.

Déception des proches de victimes et des associations. "Nous sommes très déçus de ce communiqué du président de la République. On espérait une parole forte qui dise toute la vérité mais cette parole, on ne l'a pas eue malheureusement", a déclaré sur franceinfo le réalisateur et écrivain Mehdi Lallaoui, président de l'association "Au nom de la mémoire". Le père de Mehdi Lallaoui qui faisait partie des manifestants avait été passé à tabac, lors de ce rassemblement. "On espérait que la police parisienne puisse être nommée, ce n'est pas le cas. On espérait que le ministre de l'Intérieur de l'époque puisse être nommé, ce n'est pas le cas", regrette Mehdi Lallaoui. "La reconnaissance et la justice ne peuvent pas passer si les acteurs de la répression ne sont pas désignés", estime sur franceinfo l'historien et politiste Emmanuel Blanchard.

Un échange avec les proches des victimes. Le chef de l'Etat a déposé en milieu une gerbe sur les berges de la Seine, à la hauteur du pont de Bezons (Val d'Oise), emprunté il y a 60 ans par les manifestants algériens. Lors de la cérémonie, Emmanuel Macron a respecté une minute de silence. Il s'est ensuite entretenu avec les proches des victimes.

Nouvelle étape du chantier mémoriel sur la guerre d'Algérie. Après la remise en janvier du rapport de l'historien Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d'Algérie (1954-1962), le chef de l'Etat s'était engagé à participer "à trois journées commémoratives et emblématiques" : la première a eu lieu autour du 25 septembre, journée nationale d'hommage aux Harkis, la seconde ce samedi et la troisième le 19 mars prochain pour les 60 ans des Accords d'Evian.

Des commémorations également prévues dimanche. Un certain nombre d'événements commémoratifs sont prévus dimanche en Seine-Saint-Denis, notamment à Bagnolet, à Montreuil et à Noisy-le-Sec, où une affiche de l'artiste Ernest Pignon-Ernest représentant les mains d'un noyé et portant les mots "un crime d'Etat, Paris le 17 octobre 1961" doit être installée sur la façade d'un immeuble.