Vous pensiez peut-être que Jésus était jeune, mince et portait les cheveux longs. Il n’en est rien. Alors sur quelles bases nos représentations traditionnelles du Christ se sont-elles fondées ? De Jérusalem à l’Egypte en passant par la Syrie, Franck Genauzeau et son équipe de France 2 ont mené l'enquête.
Remontons le fil. C’est logiquement dans la vieille ville de Jérusalem que débute l’enquête. Des icônes partout, des milliers de représentations du Christ. "Nous en vendons essentiellement deux types, raconte Haitham Ansari, un marchand. Le Christ pantocrator, avec sa posture de professeur, et ce qu’on appelle le mandylion, le portrait du Christ". Et pourtant, aucune de ces figures qui ornent les églises du monde entier ne correspondrait réellement au vrai visage de Jésus.
Un mystère non résolu
Car nous ne connaissons aucune source contemporaine du Christ : les premières icônes à son effigie n’apparaissent que deux siècles après sa disparition. Même la Bible ne donne pas de détails sur son apparence physique, et très peu de détails historiques permettent de valider ses traits classiques. Alors sur quels éléments les dessinateurs de l’époque ont-ils bien pu se baser ?
A Bethléem en Cisjordanie, ville qui aurait vu naître Jésus, se trouve une école d’icônes. Ian Knowles, l’un des professeurs, explique : "Au cours de leurs 200 premières années, les chrétiens vivaient cachés car ils étaient persécutés. Alors s’il y a eu des représentations de Jésus, elles ont vraisemblablement été détruites." Les visages représentés seraient donc avant tout symboliques. Dans son école, le professeur apprend à ses élèves les proportions, les "éléments que chaque visage dessiné de Jésus doit comporter".
Un Jésus protéiforme
Mais si c’est sous cette forme qu’il est le plus connu, Jésus n’a pas toujours ressemblé à cela. Au troisième siècle après Jésus-Christ, en Syrie, son visage est représenté sans barbe, ses traits sont ceux d’un jeune homme. C’est pourtant la vision des moines du monastère Sainte-Catherine, au Mont Sinaï en Egypte, qui va s’imposer dans les mémoires : au même moment, ils le représentent sous des traits hirsutes, portant la barbe et les cheveux longs. Un millénaire plus tard en Italie, l’Eglise se base sur le Saint-Suaire qui aurait enveloppé le corps de Jésus et fait émerger un visage assez proche. Peut-être enfin le vrai ? Et bien non. Car cette version est une nouvelle fois bouleversée par des scientifiques qui remettent en cause l’authenticité du linceul : il daterait en effet du Moyen-Âge.
Tentative de reconstitution grâce à l'anthropologie médico-légale
Le mystère reste donc entier : il semble impossible de connaître avec certitude le vrai visage du Christ. Des chercheurs britanniques ont ainsi préféré tenter une reconstitution 3D. A Manchester, à partir de crânes typiques des populations proche-orientales de Galilée de l’époque, ils ont recréé ce qu'aurait pu être, à ce moment-là, l’apparence de Jésus. Animée par une équipe de télévision anglaise, cette version, sans doute plus proche de la réalité, se trouve à des années-lumière des icônes que nous connaissons tous.
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