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Guerre d'Algérie : "La société française a beaucoup progressé, elle s'est ouverte", estime un docteur en science politique

Le président de la République Emmanuel Macron commémorera, samedi à l'Élysée, les 60 ans des Accords d'Evian, qui ont mis fin à sept ans de guerre en Algérie. 

Article rédigé par franceinfo
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Le drapeau de l'Algérie et celui de la France.  (RYAD KRAMDI / MAXPPP)

"Depuis des décennies, la société française a beaucoup progressé, elle s'est ouverte" sur la guerre d'Algérie, estime vendredi 18 mars sur franceinfo Paul-Max Morin, docteur en science politique et co-auteur du podcast Sauce algérienne, produit par Spotify. 

franceinfo : Les mémoires intimes autour de la guerre d'Algérie ont été tues, comme des tabous ?

Paul-Max MorinOui, il y a un schéma assez classique où la première génération souffre et l'enfouit pour que la deuxième génération puisse s'intégrer. Il y a énormément de douleurs parce que c'est une histoire très violente, douloureuse. Mais pour la nouvelle génération, les choses sont différentes. Ils ont été peut-être spectateurs de la douleur, mais eux-mêmes n'en sont pas porteurs. Depuis des décennies, la société française a beaucoup progressé, elle s'est ouverte et elle offre à ces jeunes plein d'outils pour qu'ils puissent mieux construire leur relation à ce passé algérien.

Cette génération peut-elle être celle de l'apaisement ?

Apaisement, je ne sais pas, j'utilise plutôt le terme de dépassement. 39% des jeunes entre 18 et 25 ans aujourd'hui ont un grand-père ou une grand-mère affectée par la guerre d'Algérie. Pour ces jeunes, ce passé n'est pas vraiment conflictuel. Ils partagent une vision assez consensuelle de ce qu'est la colonisation, le combat pour l'indépendance. Ils expriment une bienveillance envers tous les acteurs qui sont passés par cette guerre. Les descendants de pieds-noirs et les descendants d'Algériens n'ont pas une vision opposée du passé. Cette génération du dépassement demande surtout des outils pour travailler, ce qui les intéresse c'est plus l'histoire que la mémoire. Ils veulent renforcer l'apprentissage sur la colonisation dans les programmes scolaires, ou sur la guerre d'Algérie.

Ce n'est pas encore le cas ?

C'est de mieux en mieux. La guerre d'Algérie est enseignée depuis 1983 donc ça fait longtemps. Elle est aujourd'hui plutôt bien enseignée. Ce qui manque peut-être plus c'est la colonisation. Là il y a un vrai travail de renforcement, des connaissances sur ce qu'a été la colonisation, le système colonial et surtout sur ce que ça a produit comme conséquences. La guerre d'Algérie n'est que la fin de cette histoire-là, avant il y a 132 ans de colonisation qui sont beaucoup moins connus : la conquête, le système colonial, etc.

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