Inauguration de Lascaux IV : visite guidée du nouveau bijou du Périgord
Alors que François Hollande inaugure la nouvelle reproduction de la grotte de Lascaux, qui sera accessible dès cette semaine au public, franceinfo vous propose une visite guidée en avant-première : des salles inédites et un atelier de compréhension viennent enrichir ce qu'on pouvait découvrir dans Lascaux 2.
Plus de 30 ans après l'ouverture du premier fac-similé de la grotte de Lascaux, en 1983, François Hollande inaugure samedi 10 décembre une nouvelle reproduction du site archéologique, baptisée Lascaux IV.
Le Centre international d’art pariétal, dans lequel se trouve cette nouvelle réplique, est situé à la sortie de Montignac, en Dordogne. Le bâtiment de béton et de verre est semi-enterré, au pied de la colline de Lascaux, tout près du village, mais plus loin de la grotte que Lascaux 2 et ses 270 000 visiteurs annuels. Finis, donc, les parkings sur la colline, celle-ci est désormais sanctuarisée pour éviter de mettre en péril le fragile équilibre de la grotte.
Des peintures aux dimensions impressionnantes
La grotte version fac-similé est une restitution à l’identique du site préhistorique : on la découvre telle qu’elle était en septembre 1940, quand quatre adolescents y ont pénétré pour la première fois. "On a reproduit l'éboulis original, et tout à fait en haut, il y a un puits de lumière qui symbolise l'entrée par laquelle le petit chien Robot et les adolescents sont entrés" décrit Germinal Peiro, le président du Conseil départemental de la Dordogne.
À l'intérieur, la lumière est faible, vacillante, le thermomètre indique 13 degrés pour un taux d'humidité de 80%, comme dans la vraie grotte. Au fil de la visite apparaît la salle des Taureaux, un espace de 17 mètres de long sur 6 mètres de large, aux murs couverts de grandes peintures d’aurochs et de chevaux. "Nous sommes sous une voûte qui nous entoure, qui forme une rotonde, explique Jean-Pierre Chadelle, archéologue au conseil départemental de la Dordogne. Cette voûte est recouverte d'un voile de calcite, très blanc et très lumineux, qui nous renvoie les pigments avec toute la fraîcheur d'origine. Ce sont des pigments minéraux, qui sont très stables dans le temps. Cela fait 20 000 ans qu'ils sont sur les parois, et ils ont encore toute la vivacité de leur couleur."
Il y a des taureaux qui font 5,50 mètres ! poursuit Jean-Pierre Chadelle. C'est exceptionnel, ce sont des choses devant lesquelles ont se sent tout petit.
Des salles qui n'existaient pas dans Lascaux 2
Une admiration partagée par le préhistorien Jean Clottes, membre du collège d’experts qui a accompagné scientifiquement le projet de réplique : "C'est une des plus belles réalisations que l'on connaisse au monde ! Il y a une succession de petits chevaux qui se suivent, une vache qui saute et qui est inscrite dans la roche, dans le relief : c'est du très grand art."
Une galerie, également richement ornée, le diverticule axial, succède à la salle des Taureaux. Mais d’autres n’ont pas aussi bien résisté au temps, poursuit Jean Clottes : "C'est une galerie où il y a eu des courants d'air. Malheureusement, la plupart des peintures ont disparu. J'aimerais qu'on puisse remonter dans le temps et voir comment c'était avant que les courants d'air détruisent ces oeuvres. Mais il reste des gravures, des restes de peintures qui n'étaient pas dans Lascaux 2."
Autre partie de la grotte qui n’avait pas été reproduite dans la première réplique, la nef où se trouve une des réalisations majeures de Lascaux : la vache noire. "On voit qu'il y a des animaux en-dessous, explique le préhistorien, des dessins avaient déjà été faits, il y a des tas de superpositions. Cette vache, tournée vers la droite, a été peinte et gravée ! Tous les détails du corps, y compris les sabots, ont été représentés."
Amener le visiteur plus loin dans la connaissance
Des gravures parfois difficiles à percevoir à l’œil nu mais révélées dans la salle d’interprétation qui succède au fac-similé dans le parcours de visite. "Une fois sorti du fac-similé, détaille Germinal Peiro, le visiteur va aller dans un patio, pour se remettre de ses émotions, avant de rentrer dans une autre salle que l'on appelle l'Atelier."
"On y a reproduit des panneaux de la grotte, poursuit-il, sur lesquels on applique des techniques qui permettent au visiteur d'aller plus loin dans sa connaissance. On fait notamment apparaître sur ces panneaux les gravures qu'il avait devinées à l'oeil nu, mais qu'il n'avait pas vues. Ainsi, il redécouvre la grotte de Lascaux, il la voit différemment."
Et s’il y en a un qui admire le travail réalisé par l’Atelier des fac-similés du Périgord, qui a reproduit les 900 m² de parois de la grotte, c’est Simon Coencas, l'un des découvreurs de Lascaux. Il avait 13 ans en 1940, et il est aujourd’hui le dernier survivant de ce groupe de quatre copains à la recherche d’un trésor : "J'ai eu l'impression de rentrer dans ma grotte ! J'ai vu les peintures, vraiment ce sont des artistes. Une merveille !"
400 000 visiteurs par an sont attendus pour découvrir cette nouvelle réplique de la plus célèbre grotte ornée au monde.
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