Les victimes du nazi Klaus Barbie retrouvent la parole dans une exposition à la prison de Montluc à Lyon
C'est le propre des tortionnaires. Ils n'existent qu'à travers leurs victimes. Et il est juste qu'à l'occasion du trentenaire de son procès, ce soit les voix de ceux qui témoignèrent contre Klaus Barbie qu'on entende au fil de cette exposition. Elle est intitulée "Montluc, une prison dans l'histoire. Klaus Barbie, 1987, mémoire d'un procès".
A Lyon, le nom de Montluc a longtemps résonné de manière particulièrement lugubre. Et pas seulement parce que c'était le nom d'une prison. C'était là, en effet, qu'étaient détenus et souvent torturés ceux que la Gestapo avait pris dans ses filets. Jean Moulin et Marc Bloch mais aussi les 44 malheureux enfants raflés à Izieu comptent parmi les 9.000 personnes, au minimum, qui y passèrent entre février 1943 et août 1944 avant de disparaître dans la nuit et le brouillard..
Reportage : France 3 Rhône-Alpes Y. Marie / P. Perrel / O. Bodson
Si le "boucher de Lyon" est cité dans l'intitulé de l'exposition, c'est bien la voix de ses victimes qui accompagne le visiteur. Dans les écrits, les photos, les témoignages filmés pour l'Histoire par les caméras de FR3 Lyon lors du procès de 1987, c'est avant tout la dignité qui domine. Certes l'émotion est là dans les mots, les regards, les silences.
Mais ce qui frappe c'est surtout ce que ces voix d'hier, évoquant des événement d'avant-hier n'arrivent pas à exprimer. Comme si les mots à leur disposition devaient toujours se révéler insuffisants, en deçà de ce qui fut leur réalité. Peut-être aussi parce qu'ils parlaient avec la conscience que leur voix portait en elle celles de tous ceux qui, morts exécutés, en déportation ou sous la torture, avaient été privés de leur avenir.
Klaus Barbie fut détenu pendant une semaine, au début de son procès de 1987, dans une des cellules de la prison qu'il dirigea lorsqu'il était à la tête de la Gestapo lyonnaise. Alors qu'il sévissait à Lyon, ses bureaux et les principales salles de tortures se situaient dans l'ancienne école de santé militaire. Ce bâtiment abrite aujourd'hui le Centre d'Histoire de Résistance et de la Déportation.
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