Reportage Avant son entrée au Panthéon, Missak Manouchian "rayonne avec son esprit de résistance" sur Marseille et le Vieux-Port

Le résistant Missak Manouchian, qui fera son entrée au Panthéon mercredi soir, a donné son nom à un jardin au-dessus du Vieux-Port de Marseille, où il a débarqué en 1924 après avoir fui le génocide arménien.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le buste de Missak Manouchian dans le jardin qui porte son nom, au-dessus du Vieux-Port à Marseille (GILLES BADER / MAXPPP)

C'est à Marseille, comme beaucoup d'Arméniens, que Missak Manouchian a débarqué en 1924 pour se réfugier en France, après avoir fui le génocide de son peuple en 1915. Le résistant, qui entrera au Panthéon mercredi 21 février, 80 ans jour pour jour après avoir été fusillé par les Nazis au Mont Valérien, à côté de Paris, est un symbole fort de la communauté arménienne, notamment dans la cité phocéenne. Un jardin porte son nom au-dessus du Vieux-Port, où trône son buste en bronze. "Il y a la Bonne Mère qui veille sur Marseille, et Manouchian, au-dessus du Vieux-Port, qui, j'espère, rayonne avec son esprit de résistance dans cette ville où il est arrivé", montre Pascal Chamassian, de l'association Jeunesse arménienne de France, militant de longue date de la cause arménienne. "Être arménien, c'est se battre tout le temps", jure-t-il.

"Ça fait quelques décennies qu'on commémore tous les 21 février, ici même, Missak Manouchian et ses camarades", confie-t-il au sujet du résistant, qui faisait partie du groupe "Manouchian", un commando avec 21 étrangers proches du parti communiste. "Aujourd'hui, ils rentrent sous la crypte avec les grands hommes, avec Malraux, avec Hugo. Finalement, il va incarner la résistance des hommes face aux barbares. Ils se sont battus contre l'oppresseur nazi, ils ont donné leur vie pour un idéal : vivre libre. C'est dans ces valeurs qu'on puise souvent notre énergie et cette envie de poursuivre nos combats."

De "vrais héros" à qui s'identifier

Se battre hier pour la reconnaissance du génocide arménien, aujourd'hui contre la guerre avec l'Azerbaïdjan. Dans ce contexte, la mise en lumière de Manouchian a son importance. Parler de lui permet "de parler de l'Arménie", dit Robert Guédiguian. Le réalisateur marseillais d'origine arménienne a raconté l'histoire du commando dans un film : L'Armée du crime

Pour lui, la jeunesse doit s'emparer de ces héros : "Je crois qu'il faut qu'ils voient ça, que la France a aussi été défendue par beaucoup d'immigrés, d'étrangers qui n'avaient pas leurs papiers. Il faut absolument s'identifier à ces personnages-là. Ce sont des vrais héros qui sont morts pour défendre l'idée qu'ils se faisaient de la France. Ce n’est pas pour défendre la France en tant que territoire, en tant que patrie, c'était pour défendre la France des Lumières, de la lumière."

"C'est mieux que Batman ou que Spider-Man."

le réalisateur Robert Guédiguian

à franceinfo

Des héros "qui sont morts sans haine", insiste Robert Guédiguian. Et le cinéaste rappelle cette phrase écrite par Missak Manouchian, dans une lettre envoyée à sa femme avant d'être fusillé : "Je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.