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"Napoléon, la nuit de Fontainebleau" : un épisode peu connu de la vie de l’empereur dans une pièce captivante

Auteur et metteur en scène, Philippe Bulinge lève le voile sur l’épisode négligé par les historiens : la tentative de suicide de Napoléon.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Loïc Risser  et Damien Gouy dans "Napoléon, la nuit de Fontainebleau" de Philippe Bulinge (2021). (THEATRE DE L'ARCHIPEL)

A son abdication le 5 avril 1814 à Fontainebleau, l’empereur Napoléon 1er n’est plus. Napoléon, la nuit de Fontainebleau, de et mis en scène par Philippe Bulinge jusqu’au 15 janvier 2022 au Théâtre de l’Archipel à Paris, exhume l’épisode peu abordé de la tentative de suicide de l’empereur entre le 13 et le14 avril 1814 au château de Fontainebleau. Une révélation.

L’empereur nu

Dans une chambre, au pied du lit, un homme en chemise de nuit se tord de douleur. Il s’agit de Napoléon qui appelle bientôt son général et diplomate Caulaincourt. Venant d’abdiquer, l’empereur lui confie qu’il vient d’absorber un poison prescrit depuis des mois par son médecin Yvann au cas où il tomberait aux mains de l’ennemi. Mais le breuvage n'agit pas et il exige que Yvann lui apporte une nouvelle dose. Ce dernier refuse.

Avec Napoléon, la nuit de Fontainebleau, c’est un autre visage de l’empereur qui se fait jour. Ecroulé sur le sol, moribond, nu sous sa chemise tel un linceul, Napoléon est déjà mort. Cette mort n'est pas biologique, c'est celle d’un homme dont le destin lui échappe. Le dernier pouvoir qu’il lui reste est de se suicider et il lui sera refusé. On connaît la suite : Elbe, Waterloo, Sainte-Hélène. Ici, c’est l’être désincarné, l’empereur nu qui éructe dans le très beau texte de Philippe Bulinge, remarquablement interprété par un Damien Gouy tourmenté.

Fiction historique

La langue émane du tournant des XVIIIe et XIXe siècles et le texte sur un sujet éludé a fait l'objet de recherches approfondies de la part de Philippe Bulinge. Loïc Risser en Caulaincourt incarne l’aristocratie du personnage historique, et ses mots traduisent les rapports ambigus qu'il entretenait avec l’empereur. Huis-clos dans un décor minimaliste et en costumes élégants, La nuit de Fontainebleau joue sur la claustrophobie d’un Napoléon replié sur lui-même, réduit au bon vouloir de ses subalternes.

Loïc Risser, Damien Gouy et Vincent Arnaud dans "Napoléon, la nuit de Fontainebleau" de Philippe Bulinge (2021). (THEATRE DE L'ARCHIPEL)

L’évocation est prenante et les enjeux humains de la pièce, jamais abordés par les historiens, révèlent un Napoléon inconnu, extrapolé certes, mais très vraisemblable face à une déchéance annoncée, sinon en cours. C’est parfois le rôle de la fiction de se faire historienne, ici, sous un angle psychologique, en cette fin du bicentenaire de la mort de l'empereur. Passionné d’histoire, Philippe Bulinge crée une dramaturgie toujours relancée, servie par des interprètes convaincus. Un beau spectacle instructif, au texte ciselé, sabre au clair.

L'affiche de "Napoléon, la nuit de Fontainebleau" de Philippe Bulinge (2021). (THEATRE DE L'ARCHIPEL)

Napoléon, la nuit de Fontainebleau
De Philippe Bulinge
Mise en scène : Philippe Bulinge
Avec : Loïc Risser, Damien Gouy, Vincent Arnaud
Du jeudi au samedi à 19h
Théâtre de l'Archipel
17 Bd de Strasbourg, 75010 Paris
Tél :  01 73 54 79 79

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