Simone et Antoine Veil au Panthéon : musique et silence au coeur d'une bouleversante cérémonie
Ce dimanche 1er juillet, Simone Veil, figure majeure, populaire, du XXe siècle en France et en Europe, rescapée de la Shoah, académicienne, ancienne ministre et ancienne présidente du parlement européen, a fait son entrée au Panthéon aux côtés de son mari, Antoine Veil.
Sujet France 2 : A. Comte, J-C Lambard
Sonia Wieder–Atherton et la Maîtrise populaire de l'Opéra Comique
La cérémonie a débuté de la place Edmond-Rostand, sous les applaudissements d'anonymes. Les cercueils de Simone Veil et de son époux ont remonté lentement la rue Soufflot, sur un long tapis bleu, couleur de la paix, de l'ONU et de l'Europe, jalonné d'arrêts sur des étapes marquées par la présence de photos représentant une dimension de la vie de Simone Veil.Dès les premiers instants, la musique a accompagné cette émouvante remontée. On sait que Simone Veil était mélomane, son mari Antoine était même musicien amateur, ancien élève de la grande Marguerite Long. Sur une scène créée au bas du Panthéon, la violoncelliste Sonia Wieder–Atherton a entonné ses premières notes (le chant hébreu "Eli, El" en version instrumentale), accompagnée de son quintette.
La musicienne, l'une des plus grandes violoncellistes françaises, auteure notamment des très personnels "Chants juifs" et "Chants d'Est", est ici relayée par les jeunes choristes de la Maîtrise populaire de l'Opéra comique. La profondeur de son archet crée immédiatement une atmosphère de recueillement.
Fauré, l'hymne européen et Ferrat
Le parcours de la Garde républicaine portant les cercueils remontant les plus grands moments de la vie de Simone Veil, est rythmé par la musique. Musiciens et chanteurs ont fait entendre tour à tour "Kol Nidrei" de Max Bruch, version instrumentale, suivi de "Pavane, Op. 50" de Gabriel Fauré, puis l'hymne européen ("L'Ode à la joie" de Beethoven), puis "Elégie" de Gabriel Fauré.Un moment particulièrement émouvant est celui où les choristes de la Maîtrise ont entonné la chanson de Jean Ferrat, "Nuit et brouillard", en l'interprétant avec la langue des signes. L'arrivée sur le Panthéon se fait au son de "Vocalise" de Rachmaninoff, puis du Chant des Marais. L'émotion est à son comble.
La Marseillaise et le silence de Birkenau
Le discours du président a ensuite pris le pas. "La France aime Simone Veil", a-t-il lancé à propos de cette femme, la cinquième à entrer au Panthéon, qui rejoint avec son époux le caveau numéro 6, aux côtés de René Cassin, Jean Monnet, Jean Moulin et André Malraux.L'hommage terminé, la musique a, de nouveau, pris le dessus. La Marseillaise, d'abord, présentée par le président comme le chant de la République, "celui de notre gratitude". Elle est entonnée par le Chœur de l'Armée française, rejoint par la chanteuse lyrique américaine Barbara Hendricks, qui fut une amie de Simone Veil. Solennité. Beauté crue.
Arrive enfin une minute de silence d'une grande force, la bande son du silence des Camps de Birkenau enregistré il y a quelques jours. Moment très fort, sublimé par le chant des oiseaux. Et puis, comme un prolongement, le solo violoncelle de Sonia Wieder-Atherton. Seule sous la coupole, elle interprète la suite n°5 de la "Sarabande" de Bach. Beauté absolue de la musique, recueillement. La cérémonie se termine ainsi, dans une joie diffuse.
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