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Statue de Colbert vandalisée : "C’est une forme détournée du totalitarisme", dénonce l'historien Maurice Sartre

"Il n’y a que dans les dictatures qu’on a supprimé des individus de l’histoire nationale.", estime le spécialiste du monde grec et romain oriental. Selon lui, il ne faut pas juger les oeuvres du passé avec "le système de valeurs qui est le nôtre".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La statue de Colbert, devant l'Assemblée nationale à Paris, vandalisée mardi 23 juin 2020. (CHRISTOPHE PETIT TESSON / MAXPPP)

Dans le sillage des manifestations antiracistes dans le monde après la mort de George Floyd lors de son arrestation par un policier américain, les monuments et statues liés à l'histoire coloniale française ou à la traite négrière se retrouvent à nouveau au centre d'une polémique mémorielle. Mardi 23 juin, à Paris, la statue de Colbert devant l'Assemblée nationale a été vandalisée, recouverte de peinture rouge. S'attaquer ainsi au passé "est un danger parce que c'est une forme détournée du totalitarisme" dénonce sur franceinfo Maurice Sartre. L’historien cosigne, mercredi 24 juin, une tribune dans le journal Le Monde condamnant le déboulonnage des statues.

Colbert, "un personnage éminemment complexe"

"Il y a une chose qui est intolérable, c’est de juger les gens et les faits du passé avec les critères qui sont aujourd’hui les nôtres, estime Maurice Sartre. Si on doit déboulonner toutes les statues, si on doit débaptiser toutes les rues, si on doit jeter dans les poubelles de l’histoire tous les individus qui avant nous ont été esclavagistes, c’est sans fin. Cela concerne tous les hommes de l’antiquité, Péricles, Socrate, Aristote, Platon", a défendu l'historien, spécialiste du monde grec et romain oriental.

Bien sûr, avec nos yeux de citoyens du 21e siècle, nous sommes hostiles à l’esclavage. Est-ce que ça m’empêche d’avoir de l’admiration pour l’oeuvre de Péricles ? Sûrement pas.

Maurice Sartre, historien

à franceinfo

"C’est une forme de totalitarisme. Jusqu’à présent, dans notre monde qui est fait de démocraties et malheureusement aussi de beaucoup de dictatures, il n’y a que dans les dictatures qu’on a supprimé des individus de l’histoire nationale, poursuit Maurice Sartre. Que Colbert ne soit pas tout blanc ou tout noir, c’est une évidence. C’est un personnage éminemment complexe. Nous pouvons lui trouver des défauts, mais l’on en trouvera également à Saint-Louis, à Charlemagne, à tous les hommes politiques." , juge-t-il. Et l'historien conclut : "Je ne vais pas juger tous les individus du passé avec le système de valeurs qui est le nôtre".

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