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Vidéo 11-Novembre : comment la France a réécrit l’histoire des soldats alsaciens

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L'oeil du 20 heures - 11 novembre 2019
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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
France Télévisions

Le 11 novembre, la France rend hommage aux soldats de la Première Guerre mondiale. Parmi eux, des Alsaciens, des Mosellans. Leurs noms sont inscrits sur les monuments aux morts français. Mais c'est du côté allemand qu'ils se battaient.

En Alsace, comme partout en France, les écoliers étudient leurs ancêtres les Poilus. Mais dans leur région, l’Histoire a été réécrite juste après la Grande Guerre : bien souvent, leurs aïeux n’étaient pas des soldats français… mais allemands ! Leur histoire a été effacée, leurs prénoms changés. Révélations sur un siècle de mensonges, gravés dans le marbre.  

Sous les drapeaux français en Alsace, les monuments aux morts dressent la liste des soldats tués dans la Grande Guerre. Comme Victor Wolff, mort en 1915, à 35 ans. Nous avons retrouvé son neveu, Ernest, 91 ans aujourd’hui. Et il est formel : Viktor n’a jamais été français : “il combattait pour l’armée allemande !” Il n’est donc pas mort pour la France : “c’était un soldat allemand, tout le monde était soldat allemand en Alsace”.  

50 000 soldats allemands… rebaptisés avec un prénom français  

Car entre 1871 et 1918, l’Alsace-Moselle (alors appelée Alsace-Lorraine) faisait partie de l’Empire Allemand. Tous les alsaciens nés pendant ces 47 années étaient de nationalité allemande.   

Ces soldats n’ont jamais été Français. Ils sont nés dans les années 1890 et ils ont combattu sous l’uniforme allemand, ils sont morts Allemands... Ils ont pour certains été tués par des soldats français !

Eric Ettwiller, Professeur agrégé d'Histoire, association "Unsri Gschìcht"

à France 2

Mais leur histoire a été effacée. Leurs prénoms allemands, francisés après guerre par la France victorieuse, au nom de l’unité nationale, comme le démontrent les actes de décès retrouvés aux archives départementales. Par exemple : sur le marbre Sébastien, s’appelait en fait Sebastian. Léon était en réalité prénommé Léo, quant à Charles, c’était Karl jusqu’à sa mort. 50 000 morts auraient été ainsi rebaptisés par les autorités françaises dans les années 20.

Une réécriture de l’Histoire qu’Eric Ettwiler et son association, aimeraient voir décryptée dans les manuels scolaires. “On peut regarder à toutes les pages : il n’est jamais question de l’Alsace-Lorraine,” déplore-t-il. “C’est la région de nos élèves, donc leurs ancêtres ont combattu dans l’armée allemande mais ils ne le savent pas, parce que c’est écrit nulle part. C’est choquant parce que c’est une trahison par rapport à nos arrières grands parents.”  

Pas « morts pour la France »… mais inscrits sur les monuments aux morts  

Pour la première fois ce 11 Novembre à Holtzheim (Bas-Rhin), la cérémonie mettait à l’honneur un uniforme de Poilu, et un autre de Feldgrau, les soldats allemands de 14-18. Un casque à pointe un 11 novembre : c’est l’intiative apolitique de la maire de cette commune près de Strasbourg. Comme tous les maires, Pia Imbs a reçu une lettre du gouvernement pour préparer la cérémonie qui doit rendre hommage “à tous les morts pour la France”. Mais cela ne lui semblait pas adapté au passé de sa commune. “C’est un document général qui malheureusement ne souligne pas suffisamment la réalité de l’Histoire alsacienne,” regrette-t-elle. “Finalement, on le sait bien, l’Histoire est souvent écrite par les vainqueurs et il est dommage qu’on ait balayé cette réalité de l’Histoire.”  

Interrogé sur le silence réservé à ces soldats alsaciens dans les hommages officiels, le Ministère des anciens combattants répond que n’étant pas morts pour la France, leur cas n’est jamais évoqué le 11 novembre. Ces oubliés de la Grande Guerre ne sont pas près de se retrouver dans les manuels d’Histoire.

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