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Vidéo Dans le documentaire "La Rafle du Vel'd'Hiv, la honte et les larmes", des survivants racontent : "Nous nous pensions en sécurité"

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Le premier jour de la rafle du Vél'd'Hiv
Le premier jour de la rafle du Vél'd'Hiv Le premier jour de la rafle du Vél'd'Hiv (FRANCE 3)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions

Il y a 80 ans, dans le cadre de la politique d'extermination des populations juives d'Europe, l'Etat français planifie une rafle à grande échelle. Un documentaire édifiant, intitulé "La Rafle du Vel'd'Hiv, la honte et les larmes" et réalisé par David Korn-Brzoza, retrace l'histoire de cette terrible opération.  

"Ces journées de larmes et de honte." C'est ainsi que Jacques Chirac, en 1995, qualifia les 16 et 17 juillet 1942 où plus de 13 000 Juifs furent déportés vers les camps de la mort. Ces mots, David Korn-Brzoza, le réalisateur du documentaire La Rafle du Vel'd'Hiv, la honte et les larmes, les emprunte à dessein à l'ancien président de la République, premier chef d'Etat à reconnaître la responsabilité de la France dans cette arrestation massive pendant la Seconde Guerre mondiale.

En mêlant images d'archives inédites, scènes d'animation en 3D et surtout témoignages des derniers survivants, le film, porté par la voix de Vincent Lindon, raconte en détail cette tragédie qui n'épargna pas les enfants : 4 000 d'entre eux furent arrêtés durant cette rafle. 

"Des centaines d'enfants de plus de deux ans font partie de ces pitoyables cortèges. Deux ans, un âge jugé acceptable pour être raflé à l'aube et bientôt rejoindre un camp de concentration."

David Korn-Brzoza et Laurent Joly

dans "La Rafle du Vel d'Hiv, la honte et les larmes"

Parmi les huit rescapés qui témoignent, Rachel Jedinak, huit ans à l'époque, se souvient précisément du matin du 16 juillet : "Nous nous pensions en sécurité [elle vit alors cachée avec sa sœur chez sa grand-mère]. Et à l'aube, de grands coups frappés à la porte, très violents. 'Police !' Ma grand-mère ouvre. (...) L'un des deux policiers nous dit : 'Allez les enfants, habillez-vous vite, vous allez rejoindre votre mère.' (...) 'Vous pouvez remercier votre concierge, c'est elle qui nous a dit où vous étiez'."

"Je ne veux pas que ma fille connaisse ce que je pressens"

Arlette Testyler a elle aussi huit ans en 1942. Son père a combattu pour la France en 1939. A sa démobilisation, il rejoint sa femme et ses deux filles à Paris. En mai 1941, il est arrêté lors de la Rafle du billet vert et envoyé à Auschwitz. Arlette Testyler se remémore : "Maman se lève, va à la porte. Elle demande qui est là. On lui dit : 'Police ! (...) On vient chercher votre mari.' Et là, maman s'énerve tellement : 'Mais il est déjà parti en destination inconnue !' Et eux, sans se démonter, ils disent : 'Bon c'est pas grave, ce sera vous et vos enfants.'"

Certaines mères de famille arrêtées se doutent que c'est vers la mort qu'on les envoie. Elles iront jusqu'à donner leurs enfants à des étrangers pour les sauver. Une Française, non-juive, qui a souhaité garder l'anonymat, raconte ainsi : "Une femme me fit signe d'approcher. 'Emmenez ma petite fille madame. Avec vous, elle n'aura pas peur de me quitter. Je ne veux pas qu'elle connaisse ce que je pressens.' L'enfant me prit la main et me suivit à la maison. Je l'ai fait parce que ça allait de soi."


Le documentaire La Rafle du Vel'd'Hiv, la honte et les larmes réalisé par David Korn-Brzoza est visible en replay sur France 3 depuis le 12 juin

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