Vidéo Dans les Vosges, bataille autour d'une forêt chargée d'histoire

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l'oeil du 20h forêt lorraine bis
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
France Télévisions
Imaginez une querelle de voisinage qui dure depuis plus d’un siècle… aux confins de l’Alsace et de la Lorraine, des élus voisins se disputent la propriété de cette forêt. 2000 hectares de sapins, annexés par l’armée allemande après la défaite de 1870. De l’histoire ancienne direz-vous? Pas tout à fait car l’administration pourrait bien rouvrir ce vieux dossier.

Dans le massif du Donon, au cœur des Vosges, nous sommes allés à la rencontre de deux maires en colère. Ils tiennent à nous montrer les traces d’un passé que le temps n’a pas effacé.

"Là vous voyez, il y a deux bornes. Il y en a une où lon voit bien le 'D' qui reste et qui signifiait 'Deutschland' à l'époque, donc de ce côté là on était côté allemand, maintenant c'est l'Alsace, de ce côté là on était côté français", nous montre Denis Henry, maire (sans étiquette) de Raon-sur-Plaine (Vosges).

Cela mérite bien de se replonger dans nos cours d’histoire. En 1870 l’empire allemand annexe l'Alsace Moselle. Sur la nouvelle frontière avec la France, ils s’accaparent aussi une crête stratégique plantée d’épaisses forêts qui appartenaient aux villages de nos deux maires.

Mais à la fin de la Première Guerre mondiale, ces forêts ne leur sont pas rétrocédées. Elles reviennent au village voisin de Grandfontaine qui était jusqu’alors allemand. Aujourd’hui… les maires de Raon-sur-Plaine et Raon-lès-Leau dénoncent un manque à gagner.

Les forêts domaniales, une rente pour les communes

Car l’Office national des forêts, l’ONF, verse chaque année une taxe aux communes pour exploiter leurs bois. Pour ces deux villages cela représenterait environ 50 000 euros, près de 20% de leur budget. Et c’est loin d’être un détail. C’est même devenu leur principal combat.

"On a un réseau d'eau qui est vétuste, il est à revoir, s'insurge Etienne Meire, élu de Raon-lès-Leau. On pourrait avoir quelques equipements supplémentaires, un petit commerce, un petit bistrot de pays pour retrouver de l'attractivité". Il a lancé une demande d’enquête publique en préfecture pour que l’Etat tranche cette question vieille de plus de 100 ans.

Mais à Grandfontaine, on ne l’entend pas de cette oreille. Malgré la pression de ses voisins, le maire ne compte pas renoncer à ce territoire… "Si ça avait été fait tout de suite après, je comprends. Mais 150 après nous on s'y accroche aussi parce que ça fait 150 ans que c'est aussi nos forêts, argumente Philippe Remy, maire (sans étiquette) de la commune alsacienne de Grandfontaine (Bas-Rhin). 

"Mes grands parents n'ont pas choisi d'être Allemands, on a subi aussi cette annexion".

Philippe Remy, maire (sans étiquette) de Grandfontaine (Bas-Rhin)

La guerre d’usure n’est pas terminée. Si la demande d’enquête publique était rejetée, les élus vosgiens pourraient attaquer l’Etat en justice pour réclamer une indemnisation.

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