Il y a 100 ans, Eugénie Brazier, la plus célèbre "mère" lyonnaise, ouvrait son restaurant
Le restaurant La Mère Brazier a fêté le 10 avril 2021 ses 100 ans d’existence. Avec sa cuisine généreuse et la personnalité extraordinaire de sa créatrice, l’établissement est devenu une véritable institution à Lyon.
Le 10 avril 1921, Eugénie Brazier ouvrait son restaurant au 12, rue royale à Lyon. Un établissement qui deviendra rapidement une véritable institution, recevant aussi bien les hommes politiques que les personnalités artistiques. Jacotte Brazier, petite-fille de la Mère Brazier nous raconte une histoire lyonnaise riche de 100 ans et le caractère d’une femme qui a marqué le monde de la cuisine.
Un monde qu’elle a découvert après avoir travaillé dans les fermes, où elle s’occupait des vaches et des cochons, quand elle n'était pas derrière les fourneaux. Eugénie Brazier y a alors appris les rudiments de la cuisine de Bresse. Jeune adulte, elle continue d’œuvrer derrière les fourneaux en tant que chargée de cuisine chez un fabricant de pattes.
D'employée de ferme à propriétaire de restaurants
Mais la passion viendra définitivement lorsqu’elle travaillera aux côtés d’une autre mère lyonnaise mythique, la Mère Fillioux, au lendemain de la Première Guerre mondiale. En 1921, elle décide alors de créer son propre restaurant, au 12, rue royale. "Il y a 100 ans, c’était un porte-pot. Un porte-pot, c’était une espèce de petit bistrot. Mais je crois que ma grand-mère, quand elle a ouvert, n’a pas fait ce que faisaient les cafés et les bistrots. Elle a fait tout de suite un restaurant plutôt chic et à la mode", détaille Jacotte Brazier.
La mère Brazier se montre alors précise sur la qualité des produits et attentive à l’ambiance dans sa salle. Son établissement devient rapidement un restaurant très prisé, avec des plats généreux et savoureux. Dans les salons à l’étage, se dégustent des fonds d’artichaut au foie gras ou des volailles de Bresse demi-deuil. Une marque de fabrique, héritée d’ailleurs de la Mère Fillioux.
Six fois étoilée
La cuisine volontairement moderne d’Eugénie Brazier va la propulser au firmament. "Ma grand-mère était la seule femme à son époque à avoir eu trois étoiles, et dans ses deux restaurants. Aussi bien au Col de la Luère qu’à Rue royale, six étoiles en 1933. Ça n’a jamais été égalé avant Alain Ducasse", souligne Jacotte Brazier.
Eugénie Brazier fait également partie du cercle des femmes ayant obtenu une étoile dans le Guide Michelin avec Marie Bourgeois (1933), Marguerite Bise (1951) et Anne-Sophie Pic (2007). La Mère Brazier se retirera finalement des fourneaux en 1968, laissant sa place à son fils, Gaston.
Mathieu Viannay reprend l'établissement en 2008
Après trois générations de la famille Brazier, c’est le chef doublement étoilé Mathieu Viannay qui a repris les cuisines de ce restaurant mythique en 2008. "Toute la politique s’est faite là, toutes les affaires se sont faites là, cette maison a une âme, il y a beaucoup de choses à raconter", confiait-il dans un document d’archive.
Passée à la postérité, qu’aurait pensé la Mère Brazier de ce centenaire d’histoire et de succès ? Visiblement pas grand-chose selon sa descendante. "Quand elle a eu ses trois étoiles, elle n'a pas fait de fête. Elle a dit ‘ben voilà c’est formidable. On a bien travaillé ça c’est bien !' Elle dirait pareil aujourd’hui. ‘Ben voilà c’est très bien'".
Pour perpétuer l’héritage de sa grand-mère, Jacotte a créé une association, Les Amis d’Eugénie Brazier, qui aide notamment des jeunes femmes de milieux défavorisés à trouver des stages et des bourses pour travailler dans la restauration.
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