Immobilier : les "biens sans maître", une aubaine pour les nouveaux propriétaires
En Corse, bâtisses et maisons en ruine cherchent désespérément des acquéreurs. Pour réhabiliter les demeures, les municipalités doivent toutefois s'assurer qu'elles n'appartiennent plus à personne. Focus sur les "biens sans maître", une dénomination et une procédure encore souvent méconnues.
Nicolas Quilici, adjoint au maire (SE) de Rogliano en Haute-Corse, voudrait ressusciter des ruines dans sa commune : plus personne n'y vit depuis des dizaines d'années. L'emplacement a de la valeur, mais le propriétaire est introuvable. Un crève-cœur pour l'élu. "Elle me plaît cette ruine, je voudrais l'acheter. Mais si vous n'avez pas d'héritier ? On ne sait pas à qui elle appartient, il n'y a plus de descendant", confie ce dernier. Il existe des dizaines de ruines comme celle-ci à Rogliano. Au siècle dernier, ce village au bord de la Corse a vu partir ses habitants, laissant derrière eux des biens sans maître. Depuis 2004, une procédure inscrite dans la loi française permet de les réhabiliter. Lorsque plus aucun propriétaire n'est identifiable, la mairie se saisit des parcelles pour les revendre à de nouveaux occupants. "L'objectif, c'est de donner vie au village, qu'il y ait moins de ruines, que ce soit plus harmonieux", poursuit Nicolas Quilici.
Une aubaine pour les acquéreurs
Peu connue, la procédure a permis à Céline Bianucci, une mère de famille, d'acquérir une grande maison. Elle a payé 10 000 euros à la mairie pour la ruine, en plein cœur du village. Elle devra en échange en faire sa résidence principale et réaliser les travaux de réhabilitation, estimes à 200 000 euros, sous cinq ans. Une bonne affaire tout de même. "À ce prix, aussi bien placé avec une aussi belle vue, sans l'aide de la procédure des biens sans maîtres, on n'aurait jamais pu", reconnait la propriétaire. L'outil juridique est aussi utilisé par la ville de Bastia (Haute-Corse). Lorsque la mairie a voulu rénover son centre historique il y a quelques années, elle s'est heurtée à un obstacle : des appartements vides depuis des décennies. "Quand 100 mètres carrés restent vides, les autres propriétaires ne veulent pas assumer les charges, (…) et souvent les travaux sont bloqués", explique Emmanuelle de Gentili, l'adjointe (PS) au maire. La mairie s'est ainsi réappropriée de vieux appartements, qu'elle revend aux particuliers. Une douzaine ont pu être remis en état à Bastia.
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