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"C'est toute ma vie" : choqués par l'incendie, touristes et Parisiens se pressent au chevet de Notre-Dame

Ils sont venus très nombreux ce matin sur les quais situés en face de la cathédrale, afin de constater les dégâts après l’incendie qui a ravagé l'édifice lundi. Reportage.

Article rédigé par franceinfo - Auriane Guerithault
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Depuis le quai Saint-Michel, les pompiers autour de Notre-Dame de Paris, au matin du 16 avril 2019. (ZAKARIA ABDELKAFI / AFP)

Elisabeth, 71 ans, a les yeux levés au ciel, les deux tours de Notre-Dame en ligne de mire. Il est presque 10 heures, mardi 16 avril à Paris, et à cette heure-là, elle aurait dû se trouver dans la cathédrale. Avec son mari Daniel, ils étaient en visite dans la capitale pour quelques jours. Lundi en fin d’après-midi, ils étaient attablés Aux tours de Notre-Dame, un café qui donne sur le parvis. Ils ont été évacués quelques minutes après le départ de l'incendie qui a ravagé la cathédrale.

"J’avais envie de la visiter hier vers 18 heures, mais mon mari m’a dit que ce serait mieux le lendemain car, à la météo, ils prévoyaient un temps gris", raconte-t-elle, pleine de regrets.

J’ai pu mettre un cierge au Sacré-Cœur, je ne pourrais plus en mettre à Notre-Dame.

Elisabeth, retraitée

à franceinfo

Catholique mais pas vraiment pratiquante, Elisabeth avait visité la cathédrale avec sa mère il y a trente ans, mais n’en avait pas conservé un souvenir très marquant. Les larmes commencent à monter, elle ne parle plus et fixe la cathédrale qui se tient juste devant elle. "Je ne pourrais plus jamais rentrer dedans", déplore-t-elle en s’essuyant les yeux. Beaucoup d’émotion et de tristesse se dégagent du regard des deux retraités lyonnais. Ils restent là quelques minutes et admirent ce bâtiment. Ils sont persuadés qu'ils ne pourront plus jamais le visiter. "Le temps que tout soit réparé, on ne sera plus là", glisse Elisabeth.

Recueillement et stupéfaction 

Juste derrière eux, dans le square René-Viviani, une classe se regroupe autour d’un homme qui monte sur un banc. Ce professeur de pastorale du lycée Notre-Dame de Sion, un établissement catholique privé du 6e arrondissement de Paris, a décidé ce matin d’emmener ses élèves devant le monument historique. Pendant quelques minutes, il raconte l’histoire de la cathédrale avec quelques dates clefs : il mêle histoire religieuse et littérature, en citant Victor Hugo, et clôture son intervention par une prière. Puis la directrice de l’école prend la parole pour rappeler l’importance de leur présence en ce jour. "On va faire une dernière prière face à la cathédrale", demande-t-elle sèchement à ses élèves, avant d’entonner un "Je vous salue Marie", entourée des adolescents. 

De tous les âges, quartiers, villes, régions et même pays du monde, croyants ou non croyants, ils ont voulu voir Notre-Dame, au lendemain du sinistre. En milieu de journée, difficile de circuler sur les trottoirs des quais Saint-Michel et de Montebello, ceux qui offrent des points de vue immanquables sur l'édifice. Comme une fourmilière au ralenti, les gens vont dans tous les sens, cherchent le meilleur point de vue. Personne ne quitte Notre-Dame des yeux, quitte à oublier parfois de regarder la route. 

Le temps suspendu

Sur le quai de Montebello, un homme prie face à l'édifice, les mains jointes sur des boîtes de bouquinistes. Juste à côté de lui, des touristes allemands prennent des selfies avec en fond la cathédrale, balafrée par l’incendie.

Des touristes ne peuvent s'empêcher d'appeler leur fils au téléphone. "On est juste devant, là, c’est tout noir en haut", lance la mère qui n’a pas pu voir les images hier soir. Chacun essaye de décrire ce qu’il voit, à quel point c’est "impressionnant", et reste marqué par "la foule qu’il y a".

Plus loin sur le quai, deux enfants sont penchés un peu dangereusement pour mieux apercevoir la cathédrale, alors que leurs parents les tiennent par les pieds pour éviter une chute.

"On était venus pour le marathon de Paris et pour passer quelques jours. On n'avait pas prévu de venir ici, mais là c’était obligé", explique le père des deux enfants.

Deux amies se retrouvent : "C'est toute ma vie, j'ai habité juste derrière quand je suis arrivée à Paris", se rappelle l'une d'entre elles. Derrière elle, deux élèves du lycée Charlemagne fixent elles-aussi Notre-Dame : "Hier, je n'y croyais pas, j'avais besoin de venir voir, on est juste à côté", explique une des deux adolescentes. Avant de se rendre compte, dans un regret, qu'elle n'est "jamais rentrée dedans".

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