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Incendie de Notre-Dame : cinq questions sur l'hypothèse d'un accident électrique

"Si c'est un accident, c'est à 90% un départ électrique, car c'est la seule source d'énergie dans le bâtiment", estime une source policière. 

Article rédigé par franceinfo
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Vue de Notre-Dame au lendemain de l'incendie qui a ravagé la cathédrale, le 16 avril 2019. (SIMON GUILLEMIN / HANS LUCAS / AFP)

Imprudence ? Défaut de sécurisation ? L'enquête prendra du temps, mais la police semble privilégier, pour l'instant, la piste de l'origine électrique dans l'incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame, au cœur de Paris, dans la soirée du lundi 15 avril. Pourquoi cette hypothèse ? Quelles mesures de sécurité ont été prises ? Quelles sont les incertitudes ? Franceinfo répond à cinq questions autour d'un possible court-circuit.

1D'où vient cette hypothèse ?

"Si c'est un accident, c'est à 90% un départ électrique, car c'est la seule source d'énergie dans le bâtiment", estime une source policière citée par Reuters. Il n'y avait guère d'autres possibilités, selon les premiers témoignages. Aucun outil de soudage, aucun chalumeau, aucun "point chaud" n'était présent sur le chantier, selon l'entreprise Europe Echafaudage, qui a remporté les trois marchés du chantier de restauration des parties hautes de la flèche.

Le patron de l'entreprise de BTP, Julien Le Bras, explique à France 3 Lorraine que "ce chantier débutait normalement". Lundi, aucune opération par point chaud ou électrique n'a été effectuée. Les douze ouvriers présents sur les lieux plaçaient ce jour-là les échafaudages avec, comme outils, "des marteaux et des clés de 22", d'après Julien Le Bras. Rien qui puisse, selon lui, permettre un départ de feu. La descente des ouvriers, selon la société, a commencé à 17h20. A 17h50, soit trente minutes avant la première alerte, ils étaient tous partis, bien avant le départ du feu, affirme-t-elle.

2Qu'est-ce qui était électrifié sur le chantier de rénovation ?

Le montage de l'échafaudage, amorcé en décembre 2017, était sur le point de s'achever. Il était électrifié pour alimenter deux ascenseurs et un éclairage. Ces ascenseurs sont "distants de la cathédrale de 7-8 mètres. L'alimentation électrique a été contrôlée", explique à France 3 Julien Le Bras.

3Quelles précautions ont été prises ?

Les ouvriers affirment ne pas avoir utilisé d'appareils électriques lundi et avoir suivi la procédure de sécurité en quittant le chantier. "La procédure prévoit qu'en fin de chantier, en fin de journée, on coupe l'électricité générale du chantier, donc on coupe les ascenseurs et l'éclairage de l'échafaudage, et on remet la clé à la conciergerie de la sacristie", a précisé à l'agence Reuters Marc Eskenazi, de l'entreprise Axa, qui assure Europe Echafaudages. "Lundi soir en partant, c'est exactement ce que les ouvriers ont fait. La procédure a été respectée, elle a été bien sûr dûment enregistrée dans les registres, le cahier à cet effet, à la sacristie."

Du point de vue de la sécurité, l'échafaudage extérieur ne comportait ni alarme incendie ni extincteur automatique à eau, mais il était doté de détecteurs de mouvement. "Aucune alarme d'Europe Echafaudage ne s'est déclenchée, a indiqué Marc Eskenazi. Les alarmes qui se sont déclenchées, ce sont des alarmes de la cathédrale, ce ne sont pas les nôtres." L'alarme anti-intrusion du chantier n'a pas non plus été déclenchée, c'est bien l'alarme incendie de la cathédrale qui a retenti.

4Quelles indications les alarmes donnent-elles ?

Une première alerte incendie a été donnée à 18h20 lundi, mais elle n'a pas permis de détecter un départ de feu, a expliqué le procureur de Paris. A 18h20, un agent de sécurité est allé vérifier, mais n'a pas trouvé de fumée, car il se trouvait au mauvais endroit. "L'enquête devra déterminer si l'agent a mal interprété le lieu donné par l'alerte ou si un défaut informatique l'a mal orienté", précise France 3.

Après une seconde alarme à 18h43, un feu a été constaté au niveau de la charpente. La cathédrale avait entre-temps été évacuée. 

5D'où le feu est-il parti ?

Une caméra pointée sur la flèche avait été installée pour suivre l'avancée du chantier, a révélé à l'agence Reuters Marc Eskenazi, ajoutant que l'enregistrement en "timelapse" (avec un effet d'accéléré), potentiellement précieux, avait été remis aux enquêteurs. "Des photos ont été prises toutes les dix minutes à partir de lundi 14 heures et l'appareil photo a été confié à la brigade criminelle", a-t-il dit, faisant état d'un véritable "reportage photo". "Ils peuvent bien voir d'où vient la première fumée par exemple, d'où elle sort, je pense que le film a un certain intérêt pour l'enquête", a-t-il ajouté.

Les auditions des différents témoins – ouvriers, gardes de sécurité – se recoupent, selon des sources policières : le feu a d'abord été aperçu au pied de la flèche. Cela ne veut pas dire nécessairement que c'est là que le feu a débuté, insiste-t-on. Pour une source proche du dossier, il n'y a à ce stade qu'une certitude, "le départ de l'incendie est côté sud".

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