Cet article date de plus d'un an.

Les 1 500 nouvelles chaises de Notre-Dame de Paris ont été fabriquées dans une menuiserie familiale des Landes

À Hagetmau, petit bourg du sud des Landes, une menuiserie familiale fêtera ses 60 ans l'an prochain en livrant la commande la plus prestigieuse de son histoire : 1 500 chaises pour la nef rénovée de Notre-Dame de Paris.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Un employé de la menuiserie qui a été choisie pour fabriquer les 1500 chaises de la Cathédrale Notre-Dame rénovée, le 11 septembre 2023 (GAIZKA IROZ / AFP)

"On a déjà fait des choses intéressantes mais là, ça touche vraiment à autre chose", s'émeut Alain Bastiat, gérant de la PME choisie pour fabriquer en "édition limitée et exclusive" les sièges de la cathédrale la plus visitée au monde, ravagée par l'incendie d'avril 2019. Une commmande de 1 500 chaises pour meubler la nef rénovée de Notre-Dame de Paris.

Un modèle en chêne massif aux lignes épurées

L'entreprise Bastiat Sièges, fondée en 1964, est installée sur 4 000 m2 aux abords de la commune autrefois "capitale de la chaise", comme le rappelle un exemplaire de 10 mètres de haut sur un rond-point fleuri, à l'entrée. Du menuisier à la couseuse, elle emploie 17 salariés hautement qualifiés.

Dans l'atelier d'ébénisterie, sous un puits de lumière, trône le prototype réalisé pour Notre-Dame : un modèle en chêne massif clair aux lignes épurées, "visuellement silencieux", signé d'une designer bretonne, Iona Vautrin.

L'une des 1500 chaises destinées à la cathédrale Notre-Dame de Paris, dessinées par la designer Iona Vautrin et fabriquées par l'entreprise familiale landaise Bosc - Sièges Bastiat basée à Hagetmau dans le sud-ouest de la France, le 11 septembre 2023. (GAIZKA IROZ / AFP)

"Il fallait une chaise sobre pour qu'elle ne prenne pas toute la place et n'occulte pas l'architecture et le reste du mobilier liturgique", explique à l'AFP, Sylvain Bastiat, 36 ans, fils d'Alain et petit-fils des fondateurs Joseph et Marcelle, qui a rejoint l'usine en 2022.

Basse, elle permet aux fidèles de prier en posant les coudes sur le dossier de celle placée devant eux. L'assise, légèrement creusée et inclinée vers l'arrière, offre un meilleur confort que les anciens bancs réduits en cendres. Les chaises, empilables, pourront également être reliées les unes aux autres par une attache en laiton.

Une commande qui se chiffre en "centaines de milliers d'euros", inespérée pour Bastiat Sièges et son chiffres d'affaires annuel de 1,4 million d'euros, et qui "s'inscrit dans la durée" : le partenariat avec Iona Vautrin se poursuivra dans la conception des prie-Dieu et des bancs destinés aux chapelles annexes de la cathédrale.

L'âge d'or de la chaise landaise

Du village natal à l'Île de la Cité, la menuiserie familiale a suivi un long parcours, parfois cahoteux. Après un âge d'or de la chaise landaise, qui avait commencé au lendemain de la Grande guerre, l'horizon s'assombrit à l'aube des années 2000 face à la rude concurrence du meuble en kit à bas coûts et du teck asiatique, moins cher que le chêne français.

Quand la crise frappe à Hagetmau, il faut survivre. Bastiat Sièges reste résolument "ancré dans le terroir" mais doit diversifier ses activités, raconte le représentant de la troisième génération. La PME se rapproche de designers pour aller chercher "un autre type de clientèle, architectes d'intérieur, décorateurs, etc." et créer sa propre marque haut de gamme, Bosc, ou "forêt" en Gascon. Ici, 90% du bois travaillé est français : du chêne des forêts de Bourgogne, de Sologne et d'Ile-de-France.

Bastiat Sièges s'installe dans une niche : travailler le bois massif en semi-industriel "ce dont peu d'entreprises en France sont capables", souligne Sylvain Bastiat, tout en conservant en interne la maîtrise de tous les savoir-faire, de la menuiserie à la tapisserie. En 2018, la PME landaise décroche ainsi le label d'État d'"entreprise du patrimoine vivant".

"Le courant est vite passé"

En juin 2023, Iona Vautrin, elle, a été choisie par l'archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, dans le cadre d'un appel d'offres lancé par l'association Revoir Notre-Dame de Paris, pilote du chantier de rénovation.

L'artiste connait la marque Bosc et contacte alors l'entreprise d'Hagetmau. "Le courant est vite passé entre nous", raconte Sylvain. "Elle nous a envoyé la 3D de la chaise à réaliser. On n'a pas réfléchi longtemps, on s'est lancé dans l'aventure", enchaîne son père.

La livraison des 1 500 chaises se fera en octobre 2024 pour une réouverture du monument prévue deux mois plus tard.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.