Notre-Dame de Paris : un projet de végétalisation des abords de la cathédrale, adapté au réchauffement climatique
À quelques semaines de la réouverture de Notre-Dame, la mairie de Paris Anne Hidalgo a présenté mardi 15 octobre 2024 son projet de réaménagement des abords de la cathédrale. Objectif numéro un : adapter les alentours du chef-d'œuvre de l'art gothique, touché par un incendie en 2019, au réchauffement climatique.
Selon ce projet, le parvis de Notre-Dame sera conçu "comme une clairière" pour rafraîchir les visiteurs l'été, et cent-cinquante arbres seront plantés de part et d'autre pour leur offrir de l'ombre lorsqu'ils feront la queue. Le projet prévoit également un meilleur accès à la Seine et un parking sous-terrain transformé en espace d'accueil, alors que le monument accueille de 12 à 15 millions de visiteurs par an.
La ville de Paris s'apprête à déposer les permis d'aménager et de construire aux alentours de l'édifice pour engager des travaux à l'automne 2025, avec un budget de 50 millions d'euros. Il s'agit, à l'horizon 2028, de "rendre à la cathédrale l'écrin dans lequel elle va pouvoir briller, dans un environnement calme et apaisé", a promis Anne Hidalgo.
Remédier à des étés de plus en plus chauds dans la capitale
L'adaptation aux changements climatiques "est la question première que nous nous sommes posés, pour que ce legs patrimonial que nous avons reçu en héritage puisse s'inscrire pleinement dans une ville du XXIe siècle", a-t-elle expliqué lors d'une conférence de presse.
Une ville où les étés sont de plus en plus chauds, qui plus est sur le parvis très minéral de la cathédrale. "On ne va pas tout changer, on s'inscrit dans une longue histoire qu'on veut faire évoluer pour être plus résilients au changement climatique", a expliqué Bas Smets, l'architecte paysagiste belge en charge du projet d'aménagement du parvis, conçu "comme une clairière".
Le parvis restera un sol minéral, avec des dalles calcaires de dimensions semblables à celles de l'intérieur de la cathédrale. Mais sur la place, une fine lame d'eau de cinq millimètres sera activée ponctuellement "pour rafraîchir l'air instantanément par évaporation", a détaillé Bas Smets.
Les souterrains également concernés
Les travaux s'attaqueront aussi aux souterrains du parvis, avec la transformation de l'actuel parking, fermé depuis l'incendie, en espace d'accueil. Une "grande promenade couverte" de 3 000 m2, décrit Susanne Eliasson, de l'agence Grau en charge de son aménagement. Exit la dalle intermédiaire du parking pour faire notamment place à une librairie, un café, des sanitaires... Le tout relié à la crypte archéologique, située sous le parvis.
"Ce sera comme un passage parisien" qui donnera "un accès direct aux quais de Seine" en contrebas grâce à de nouveaux percements, décrit cette architecte. Et permettra de ressortir face à la cathédrale "avec une vision très rapprochée de l'édifice, comme c'était le cas au Moyen Âge", souligne-t-elle.
La question du square Jean XXIII
Au chevet de la cathédrale, le square Jean XXIII, totalement chamboulé par l'installation de la base vie de chantier, retrouvera son dessin d'origine (1848). Et surtout ses grilles, alors que le projet initial voulait les retirer pour en faire une pelouse ouverte, soulevant une polémique.
Au printemps 2023, une pétition en ligne avait recueilli plus de 50 000 signatures, dont celle de l'animateur TV Stéphane Bern, pour demander que ce square, l'un des plus vieux de la capitale, soit restauré à l'identique. "La mairie nous a entendus sur le maintien des grilles et je m'en félicite", a réagi auprès Baptiste Gianeselli, initiateur de la pétition.
"Le square Jean XXIII va rester fermé, nous avons été globalement entendus", a renchéri Didier Rykner, directeur du site La Tribune de l'art, autre opposant au projet initial. Une nouveauté : les grilles restaurées créeront une ouverture qui n'existe plus aujourd'hui et "permettra de faire le tour de la cathédrale par le sud", a précisé Ariel Weil, maire de Paris Centre.
Quant à la pelouse du square de l'Ile-de-France, à la pointe de l'île de la Cité, qui mène au Mémorial des martyrs de la déportation, elle restera fermée. Mais ses grilles seront décalées pour plus de végétalisation. "Il faudra veiller à ce que l'esprit de ce lieu de recueillement demeure à l'écart du tumulte de la ville", prévient Baptiste Gianeselli.
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