: Vidéo "C'est l’histoire de France qui a brûlé" : pourquoi l'incendie de Notre-Dame émeut autant
Franceinfo a interrogé le sociologue des religions Olivier Bobineau. Selon lui, si le drame suscite autant de réactions, c'est parce que le monument a été au cœur de trois révolutions : architecturale, musicale et pédagogique.
Les images ont fait le tour de la Terre. L’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, lundi 15 avril, a ému la France et le monde entier : des catholiques, des croyants et des athées. Pour comprendre cette onde de choc planétaire, franceinfo a interrogé Olivier Bobineau, sociologue et politologue des religions, scénariste de L'Empire, une bande dessinée historique sur le christianisme.
"Pourquoi autant d’émotion, pourquoi autant de réactions aussi bien politiques que religieuses ? Et pourquoi une telle convergence ?, s'interroge le spécialiste, qui répond aussitôt : Ce n'est pas Notre-Dame qui a brûlé, c’est l’histoire de France qui a brûlé."
Foyer de trois révolutions
Selon Olivier Bobineau, Notre-Dame est le foyer d'"au moins trois révolutions qui ont fondé l’histoire de France mais aussi l’histoire des arts, mais aussi l’histoire mondiale". La première est une révolution artistique survenue autour de 1200. "C’est la révolution du gothique, c’est le gothique rayonnant qui apparaît dans les rosaces avec l’apparition du bleu et qui va devenir la couleur favorite des vitraux, va devenir la couleur de Marie, va devenir la couleur, le bleu, des rois de France", éclaire le spécialiste. Et de conclure : "C’est à Notre-Dame que s'opère cette révolution à travers ces vitraux, faisant entrer la lumière qui vient, selon les croyants, de Dieu."
La deuxième révolution est musicale. "Pendant six siècles, de 600 jusque vers 1200, c’est le chant grégorien qui domine la liturgie, les sons en Europe", rappelle Olivier Bobineau. Il explique que "deux grands génies de la musique, Léonin et Pérotin Le Grand", vont créer, aux alentours de 1200, à Notre-Dame, la polyphonie. Il s'agit, relève-t-il, du "fait d’avoir plusieurs mélodies, plusieurs sons, plusieurs tonalités, plusieurs voix qui concordent et illustrent, la gloire de Dieu".
Un chanoine de Notre-Dame a créé l'université
La troisième révolution est celle des savoirs. Robert de Sorbon, qui a été chanoine de l'école de Notre-Dame de Paris, a fondé l'université. Il a souhaité apporter la connaissance à des étudiants issus de milieux divers, même de milieux modestes. Ce chanoine "a trouvé un lieu à côté de Notre-Dame de Paris qui s’appelle, aujourd’hui, La Sorbonne", explique Olivier Bobineau.
C'est pourquoi, selon le sociologue, "quand Notre-Dame brûle, c’est l’histoire artistique qui brûle, c’est l’histoire de notre musique qui brûle, c’est l’histoire aussi des savoirs et des sciences qui brûlent".
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