: Vidéo Incendie de Notre-Dame-de-Paris : les donateurs "ont le droit de savoir à quoi leur argent va servir", défend Pierre Moscovici
Selon la cour des Comptes, une infime partie des dons servirait à financer l'Établissement public chargé de la reconstruction de la cathédrale et non les travaux eux-mêmes. Une charge qui devrait incomber directement à l'État, selon le premier président de la cour des Comptes, Pierre Moscovici.
La cour des Comptes dévoile mercredi 30 septembre un rapport sur l'incendie de la cathédrale de Notre-Dame-de-Paris. Pierre Moscovici, le Premier président de la cour des Comptes annonce qu'une partie des 825 millions d'euros de dons, venant de plus de 300 000 donateurs, en France et à l'étranger, ne vont pas directement "à la restauration ou à la reconstruction de la cathédrale". Les donateurs "ont le droit de savoir à quoi leur argent ou leurs promesses servent où vont servir", ajoute-t-il sur France Inter.
"825 millions d'euros, c'est un élan absolument unique, beaucoup plus fort que pour n'importe quelle catastrophe, pour le tsunami, pour Haïti, avec tout de même plusieurs dizaines de millions d'euros qui proviennent de l'étranger, avec des donateurs, des mécènes qui ont fait des promesses absolument considérables", indique Pierre Moscovici. "Ils ont simplement le droit de savoir à quoi leur argent ou leurs promesses servent ou vont servir".
C'est à l'État de financer l'établissement public chargé de la reconstruction
Car aujourd'hui, selon la cour des Comptes, une partie de ces dons ne servent pas à la reconstruction de la cathédrale. Le dossier a été confié à un établissement public, piloté par le général Jean-Louis Georgelin. Pour Pierre Moscovici, cet établissement public doit être financé sur des fonds publics. "Or, là, c'est l'argent des donateurs qui est utilisé", poursuit le Premier président de la Cour des comptes. "Les donateurs, je pense, envisagent ces dons uniquement pour la restauration ou la reconstruction de la cathédrale, non pas pour la sécurisation des abords, non pas pour la communication, ça représente seulement 10 pour cent, ou pour le fonctionnement de cet établissement public. Ce n'est pas considérable, mais ce que nous demandons, c'est une clarification."
Pierre Moscovici tient tout de même à relativiser : "Je veux nuancer les choses. N'imaginons pas que le financement d'un établissement de 40 personnes, même son loyer, obère les 825 millions d'euros". Il évoque une somme "assez modique", de l'ordre de 5 millions d"euros.
Ne soyons pas là dans l'idée qu'il y a un scandale.
Pierre Moscovici, Premier président de la cour des Comptesà France Inter
"C'est à l'État de prendre sa responsabilité, en l'occurrence, et de faire en sorte qu'un établissement public ait un financement public. Je pense que les choses sont assez simples. Ces 5 millions ou quelque chose comme ça à prendre sur le budget d'État, ce n'est pas ça qui va ruiner l'État et c'est ça qui peut aussi renforcer la confiance des donateurs", continue le Premier président de la cour des Comptes.
La cour des Comptes demande une enquête administrative sur les causes de l'incendie
Dans son rapport, la cour des Comptes déplore aussi l'absence d'une enquête administrative, après l'incendie, en parallèle de l'enquête judiciaire. "La gestion d'une cathédrale comme celle ci est très compliquée parce que il y a un partage des responsabilités entre le clergé, entre la Ville de Paris et le Centre des monuments nationaux. La conséquence de cela, c'est qu'en effet la sécurité de la cathédrale résultait d'un certain nombre de procédures et de marchés qui n'étaient pas très clairs, avec des moyens qui étaient assez faibles et avec des responsabilités totalement enchevêtrées", continue Pierre Moscovici. "Ce qui est certain, c'est qu'il n'y a pas eu, je pense, une réaction à la hauteur pour tirer les leçons de ce qui s'est passé, pour démêler l'écheveau des processus administratifs et financiers, pour voir s'il y a eu des dépenses de sécurité suffisantes, et notre idée c'est plutôt que non, pour la cathédrale et ce que nous disons c'est attention, il faut éviter que ce type de choses se répète, donc il faut absolument maintenant lancer cette enquête", conclut-il.
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