Journées du Patrimoine : visitez des bureaux construits sur un dépôt de bus de la RATP
"Il fallait insérer un bâtiment composite de 80.000 m2 dans un tissu urbain hétérogène, dans le XXe arrondissement de Paris, entre la brique des HBM (Habitations à bon marché) de la "Ceinture rouge", des réalisations contemporaines et de petits édifices de faubourg", explique l'architecte Brigitte Métra, qui a conçu la grande salle de la Philharmonie en tant qu'associée de Jean Nouvel.
"Un véritable défi architectural", souligne le site internet des Journées à propos de ce projet, également mentionné mardi par la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, dans son discours de présentation.
Les 42.000 m2 de bureaux répartis autour d'un jardin central ont séduit le ministère de l'Intérieur qui a décidé d'y installer sept de ses directions (1.350 personnes au total), dont l'Inspection générale des services. "On a respecté la hauteur maximale des constructions existantes", conformément au plan local d'urbanisme(PLU), souligne Brigitte Metra.
Habillé d'une "peau"
Pour faciliter son insertion, le bâtiment est entièrement recouvert d'une "peau" reprenant en miroir les couleurs du quartier : du rouge des HBM sur la façade principale, au beige, gris et jaune doré sur l'arrière.Constituée de bandeaux en acier laqué et en verre, cette peau permet aussi de donner une unité à un projet dont l'originalité est de regrouper des locaux industriels et tertiaires, ainsi qu'une crèche de 60 berceaux et l'extension d'un collège voisin, ce qui en fait le premier de ce type à l'échelle européenne.
Il a d'ailleurs été récompensé en 2014 par un Brownie Award de l'Institut canadien d'urbanisme. L'atelier de réparation des bus est semi-enterré et une fresque "évoquant la mémoire du lieu" court le long du bâtiment au niveau piétonnier, tout en laissant passer la lumière.
Le carénage du bâtiment évoque les carrosseries des bus
"Il y a autant de hauteur pour la partie enterrée (35.000 m2) que pour les bureaux. Il a fallu un an pour évacuer la terre", souligne Brigitte Métra, dont le cabinet Métra + Associés a remporté le concours en 2005 face à quatre autres candidats. Le carénage du bâtiment exprime aussi la vitesse et rappelle directement les carrosseries des bus, jusqu'aux grilles de ventilation pratiquement reproduites à l'identique.Des "failles" dans le bâtiment offrent aux riverains des vues sur le jardin intérieur (2.600 m2). Paris Pyrénées, dont le coût global s'élève à 140 millions d'euros, est également une première pour la RATP qui a, depuis, engagé une opération similaire Porte d'Orléans, mais avec un ensemble de logements.
"On fait payer le dessous par le dessus"
Le but est de moderniser et d'agrandir les dépôts d'autobus dans Paris et de valoriser les parcelles détenues par la régie. "On fait payer le dessous par le dessus", résume Rémi Feredj, directeur immobilier de la RATP, soulignant l'absence de subvention publique, "ce qui est assez rare". Maintenir les dépôts dans Paris permet aussi de limiter la distance entre le bus qui sort du dépôt et son premier voyageur."Plus elle est importante, plus ça coûte d'argent à la collectivité", souligne Rémi Feredj. "L'accueil des habitants du quartier a été très positif, ajoute-t-il, il n'y a eu aucun recours des riverains" contre le nouvel ensemble qui remplace un dépôt ancien avec un mur aveugle de 160 mètres de long.
L'aile gauche du complexe doit être complétée par une extension du collège Lucie Faure voisin (9 classes et un gymnase), surplombée d'une crèche. La portion de rue séparant le collège de son extension sera transformée en cour de recréation.
Journées du Patrimoine
19-20 septembre 2015
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