Au Duomo, la cathédrale de Milan, la renaissance miraculeuse des statues moribondes

À l'abri des regards, une institution se charge de renouveler les statues anciennes, secouées au fil des siècles par les intempéries, la pollution, voire les bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Temps de lecture : 2min
La célèbre cathédrale de Milan, le Duomo, ici le 7 décembre 2024, au moment de l'allumage de l'arbre de Noël spécial Jeux d'hiver. (ALESSANDRO BREMEC / NURPHOTO / AFP)

Le Duomo – la cathédrale – domine de sa silhouette en marbre veiné de rose la vaste place où ont lieu les grands rassemblements des Milanais. La Madonnina, une sculpture dorée de la Vierge juchée sur son faîte, est la plus célèbre de ses 3 400 statues.

Depuis plus de six siècles, la Vénérable fabrique du Dôme de Milan, institution fondée par Gian Galeazzo Visconti, premier duc de Milan, veille scrupuleusement sur l'entretien de l'édifice et gère les ateliers de restauration. 

Un incessant travail de restauration

Dans un immense atelier de la périphérie nord de la ville, une vingtaine de tailleurs de pierre, marbriers et ornemanistes s'affairent, comme lui, à restaurer ou copier des gargouilles et autres trésors sculptés de cette majestueuse cathédrale gothique.

Connu pour sa blancheur éclatante, le marbre de la cathédrale et de ses statues provient de la carrière de Candoglia, sur la rive gauche du fleuve Toce dans le Piémont, près du lac Majeur. "Le marbre de Candoglia est très beau, très spécial, mais il est difficile à travailler" car "il a de très gros grains de calcite qui peuvent se briser" et "il est donc fragile", explique Marco Scolari, géologue responsable de l'atelier du marbre milanais et de la carrière. "Il faut avoir beaucoup de passion pour faire face à ce défi et c'est le cas de nos marbriers", dit-il dans un grand sourire.

Antonino Cagnina cisèle avec un marteau pneumatique une gargouille Doccione à Cantiere Marmisti, la marbrerie où le marbre de la carrière de Candoglia est transformé en pierres de taille, éléments architecturaux et ornementaux, sculptures et statues de la cathédrale du Dôme de Milan, le 11 décembre 2024, à Milan (Italie). (PIERO CRUCIATTI / AFP)

Renouveler les statues anciennes, secouées au fil des siècles par les intempéries, la pollution, voire les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, est un labeur incessant et coûteux. Deux fois par an, toute la structure du Duomo est soumise à une inspection générale visant à garantir la sécurité de ses fidèles et ses 3 millions de visiteurs annuels. Les sculptures en piteux état sont enlevées.

Une centaine de statues décapitées, défigurées ou manchotes s'entassent dans une petite arrière-cour de l'atelier du marbre : c'est le "cimetière" quelque peu surréaliste réservé à celles qui ont été jugées trop fragiles pour retourner sur le toit de la cathédrale. 

De nombreuses statues restaurées ont aussi trouvé un dernier refuge au musée du Duomo, où leur splendeur peut être admirée de tout près, alors que leurs répliques trônent sur le toit, loin des regards.

Des statues dans le "cimetière des statues" à Cantiere Marmisti, la marbrerie où le marbre de la carrière de Candoglia est transformé en pierres de taille, en éléments architecturaux et ornementaux, en sculptures et en statues pour la cathédrale Duomo de Milan (Italie), le 11 décembre 2024. (PIERO CRUCIATTI / AFP)

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