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Journées européennes de l'archéologie : sur le chantier de fouille d'une épave vieille de 1 300 ans, près de Bordeaux

À Villenave-d'Ornon, des archéologues sont en train de mettre au jour les restes d'un mystérieux bateau à voile datant du 8e siècle, sur les rives de la Garonne. Une découverte exceptionnelle présentée au public ce samedi.

Article rédigé par franceinfo - Boris Hallier
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Un archéologue de l'Inrap asperge d'eau l'épave d'un navire datant du 8e siècle et découvert en bord de Garonne, le 14 juin 2022, à Villenave-d'Ornon (Gironde). (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Pour admirer l'épave, il faut traverser une zone de friche de Villenave-d'Ornon (Gironde), près de Bordeaux. On arrive alors à la base installée par les archéologues. Quelques préfabriqués et un grand chapiteau protège la coque en bois enfouie sous terre au bord de la Garonne, vestiges d'un navire datant du 8e siècle. Laurent Grimbert, responsable de la fouille, dévoile l'avancée du chantier à l'occasion des journées européennes de l'archéologie (du 17 au 19 juin) : "Les premiers bois apparaissent à 1,40 m de profondeur. Les pièces qu'on a sorties pour le moment, c'est venu à la main. Il est possible que certaines soient beaucoup plus compliquées à extraire et on verra si on doit passer une lame de scie pour scier les chevilles".

Un bateau arrosé "toutes les demi-heures"

C'est une véritable course contre la montre. Les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont jusqu'à mi-septembre pour extraire tous les éléments de cet ancien bateau à voile qu'il faut arroser en permanence, explique Laurent Grimbert, archéologue : "On arrose quand même régulièrement pour ne pas qu'il se dégrade, toutes les demi-heures. Et la nuit, on ferme, on le bâche. Mais malgré tout, quand on est là toute la semaine, il y a une partie des bois qui ne sont pas sous l'eau, c'est pour ça qu'il faut qu'on aille vite." Aller vite pour dégager la coque des sédiments, poursuit le responsable de la fouille : "On a fouillé les sédiments pour récupérer les objets de la vie quotidienne. Il y en a très peu. On a essentiellement des tessons de céramique, on a quelques ossements animaux."

"Il est probable que quand le bateau a coulé, ils sont venus récupérer leurs objets. Et nous, il nous reste vraiment que ce qui a pu être fossilisé sous le plancher, qui n'a pas été emporté par la marée." 

Laurent Grimbert, responsable de la fouille

à franceinfo

Il n'y a que très peu d'indices pour retracer l'histoire du navire. Une fois extraits, les morceaux de la coque passent directement sous les microscopes de Didier Pousset : "Ici, c'est un élément de plancher, en pin sylvestre. Et je mesure chaque cerne de croissance au centième de millimètre pour refléter le profil de croissance de l'arbre. Ça renseigne sur l'histoire, ça renseigne sur la technique de mise en œuvre... En fait, ça renseigne sur beaucoup, beaucoup de choses."

Un seul autre bateau datant de cette époque avait jusqu'ici été repêché en France."Le site de Villenave-d'Ornon représente une découverte hors norme, affirme Dominique Garcia le directeur de l'Institut de recherhce archéologique préventives. Au delà du bateau en tant que tel, ce qu'on essaie de comprendre, ce sont les modalités des activités commerciales pour cette période et aussi l'exploitation économique du secteur". L'avenir de cette épave n'a pas été décidé. Les archéologues espèrent qu'elle pourra être reconstituée dans un musée.


Sur le chantier d'une mystérieuse épave du 8e siècle : le reportage de Boris Hallier

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