Karin Viard en marquise de Sévigné dans un film en tournage au château de Grignan

Sa place à l'écran est à l'image de l'espace que lui réservent les livres d'Histoire, un rôle secondaire. Jusqu'ici, Madame de Sévigné n'avait eu le droit qu'à des téléfilms, mais jamais aux honneurs du cinéma. C'était avant que la réalisatrice Isabelle Brocard ne s'empare de cette figure du 17e siècle. L'épistolière française sera l'héroïne d'un long-métrage qui doit sortir au cinéma en 2023. 

Le tournage se déroule en partie dans le château de Grignan dans la Drôme, où la marquise de Sévigné s'est rendue à de nombreuses reprises au cours de sa vie pour rendre visite à sa fille Françoise, mariée à François Adhémar de Monteil de Grignan. 

"Aujourd'hui, elle bombarderait sa fille de textos"

C'est l'actrice Karin Viard qui prête ses traits à Madame de Sévigné, dont les valeurs résonnent avec les enjeux de notre société. "J'aime cette femme pour son féminisme, sa modernité. C'est quelqu'un qui se bat pour son indépendance et a une fille qui est tout son contraire. Elle est sous l'emprise d'un homme plutôt dépensier, coureur de jupons et elle pense qu'elle n'a pas le choix en tant que femme que de le supporter", commente Karin Viard.   

Écrit et réalisé par Isabelle Brocard, le film, qui compte également Ana Girardot et Cédric Kahn au casting, est basé sur la correspondance qu'a longtemps entretenue Madame de Sévigné avec sa fille Françoise, comtesse de Grignan. "J'ai trouvé ça fascinant de raconter comment une femme devenait écrivaine, malgré elle, à partir d'une relation très complexe avec sa fille. Aujourd'hui, je pense qu'elle bombarderait sa fille de textos. Elle serait toute la journée sur Whatsapp, c'est sûr", s'amuse Isabelle Brocard. 

Un tournage dans un décor authentique

Le château qui enregistre 250 000 visiteurs par an, a été fermé au public pendant une semaine, le temps du tournage. La production a voulu replacer les acteurs dans le décor d'origine afin d'offrir un supplément d'âme au récit. 

"Je pense que c'est toujours très important d'avoir une impulsion, de sentir une sorte d'atmosphère préalable. Après, ça reste un musée, donc on s'est posé la question de comment ramener de la vie à l'intérieur pour toutes les scènes qu'on allait avoir. Comment en faire un support vivant pour les comédiens ?", s'interroge (faussement) le chef décorateur Laurent Ott, qui a trouvé la solution.

Certaines pièces ont été laissées à l'identique, quand d'autres ont reçu la visite d'éléments supplémentaires, comme... cette autruche, bien vivante, qui se balade dans les couloirs du château pendant le tournage. Une atmosphère insolite et raffinée que le public pourra découvrir sur grand écran l'année prochaine.